Le 22 septembre 2025, la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale (USCIRF) a rapporté que l’Ouzbékistan avait infligé plus de 1 250 sanctions administratives en 2024 pour des activités religieuses pacifiques.
Des sanctions justifiées dans le cadre établi par la loi de 1998 sur la liberté de conscience et les organisations religieuses en Ouzbékistan, amendée en 2021.
Les rapports de Human Rights Watch, Humanists International et Open Doors confirment d’ailleurs que la régulation de la religion reste un enjeu politique majeur dans ce pays d’Asie centrale.
Résumé des points abordés
La religion reste très encadrée en Ouzbékistan
La loi de 1998 sur la liberté de conscience et les organisations religieuses de l’Ouzbékistan impose un enregistrement obligatoire auprès du ministère de la Justice. Elle limite également l’éducation religieuse et interdit la diffusion de littérature non approuvée.
Une situation qui n’a évolué que très peu en près de 30 ans. En 2021, des amendements ont maintenu ces restrictions et, en 2024, de nouvelles dispositions ont été introduites visant les parents.
L’ONG Humanists International précise dans son rapport Freedom of Thought de 2025 que la législation prévoit désormais des sanctions financières pour toute éducation religieuse jugée non autorisée.
L’USCIRF explique dans son communiqué publié le 22 septembre 2025 que « le gouvernement de l’Ouzbékistan utilise une série de lois pour réduire la liberté religieuse et de pensée ».
Selon l’organisation, le Code administratif est régulièrement utilisé pour sanctionner des individus ou des groupes. Des activités telles que la distribution de matériel religieux, la tenue de réunions non enregistrées ou l’enseignement en dehors des structures agréées sont notamment ciblées.
Plus de 1.250 sanctions administratives infligées en 2024
Selon le rapport annuel 2025 de l’USCIRF, plus de 1 250 sanctions ont été recensées en 2024.
Parmi elles, deux Témoins de Jéhovah ont été condamnés par le tribunal de Yunusabad en février 2024. Elnora Maksutova a reçu une amende de 23,8 millions soms, soit environ 1 853 dollars, tandis que Marina Penkova a été condamnée à 17 millions soms, soit 1 324 dollars, pour prosélytisme non autorisé.
L’ONG Human Rights Watch mentionne d’autres cas. En juin 2024, le militant religieux Khayrullo Tursunov a été arrêté de nouveau après avoir déjà purgé une peine pour activités religieuses.
L’ONG note aussi l’arrestation de groupes accusés d’appartenir à Hizb ut-Tahrir, organisation interdite en Ouzbékistan. Des contrôles policiers ont également visé des hommes portant la barbe, certains ayant été contraints de se raser.
Lieux de culte détruits et surveillance numérique renforcée
Les autorités ouzbèkes ne se sont pas contentées de sanctionner par des amendes.
En juin 2024, le Premier ministre Abdulla Aripov a ordonné la démolition de plus de 400 mosquées et espaces de prière non enregistrés, reconvertis ensuite en locaux commerciaux, selon le rapport annuel 2025 de l’USCIRF. Les lieux avaient été identifiés comme ne respectant pas les critères administratifs imposés par la loi.
Eurasia Review, de son côté, a rapporté en septembre 2025 que le Comité sur les affaires religieuses maintenait une liste de chaînes et contenus religieux interdits en ligne et que les citoyens sont avertis que leur consultation peut entraîner des amendes.
Dans un discours de juin 2025 qui confirme qu’il n’y a pas d’inflexion prévisible de la politique du gouvernement, le président Shavkat Mirziyoyev a déclaré que « diverses forces du monde essaient de détruire l’essence de la religion et d’égarer les jeunes du chemin vrai ».