En politique, les identités jouent un rôle particulièrement important dans nos relations avec les étrangers. Une identification nationale, un sentiment de fraternité avec des dizaines ou des centaines de millions de nos concitoyennes et concitoyens, peut nous inciter à donner de nous-mêmes; à l’extrême, cela peut amener certaines et certains à penser, comme Horace l’a dit, qu’il est doux et honorable de mourir pour sa patrie. Les gens meurent aussi pour leur foi, parce que l’essor de leur foi, comme la réussite de leurs enfants, sont suffisamment importants pour leur sentiment d’identité.

Bien que les identités jouent de nombreux rôles positifs dans nos vies éthiques, elles ont aussi, bien sûr, leurs dérives: elles peuvent nous fermer aux personnes porteuses d’autres identités, transformant le nationalisme en xénophobie. La sur-identification à une seule étiquette peut nous rendre réfractaires à manifester de la solidarité envers des personnes avec lesquelles nous partageons pourtant d’autres étiquettes: les conservateurs peuvent refuser de dialoguer avec des luthériens, des catholiques ou des concitoyennes et concitoyens dont ils et elles ne partagent pas les idées.

Ainsi, si nous devons reconnaître que les identités jouent un rôle crucial dans nos vies morales et sociales, nous devons les gérer avec soin si nous ne voulons pas que leurs nombreux avantages soient annihilés par leurs coûts potentiels. Dans cette conférence, Kwame Anthony Appiah esquisse ce que sont les identités et comment elles façonnent nos agissements, nos pensées et nos ressentis. Il propose également quelques idées éthiques sur la manière de les gérer.