L’histoire de la rumeur du faux héritier d’Angleterre est l’un des épisodes les plus retentissants de la fin du XVIIᵉ siècle, mêlant politique, religion et intrigues de cour. Elle se déroule en 1688, sous le règne de Jacques II d’Angleterre – Jacques VII d’Écosse – un souverain catholique dans un royaume à majorité protestante, déjà en proie à de fortes tensions confessionnelles. Marié en secondes noces à Marie de Modène, une princesse italienne fervente catholique, le roi n’avait jusqu’alors pas d’héritier mâle vivant, et l’avenir de la couronne semblait devoir passer à ses deux filles issues de son premier mariage, Marie et Anne, toutes deux protestantes.

Le 10 juin 1688, la reine Marie donne naissance à un fils, Jacques François Édouard Stuart, futur prétendant jacobite. Cet événement bouleverse immédiatement l’équilibre politique : l’enfant, étant catholique comme ses parents, devient l’héritier direct du trône, supplantant les princesses protestantes. Or, dans un climat déjà empoisonné par la méfiance envers la politique pro-catholique du roi, la nouvelle provoque une vague d’incrédulité et de suspicion. Rapidement, une rumeur se répand : l’enfant ne serait pas le fils naturel de la reine, mais un imposteur introduit subrepticement dans la chambre royale pour assurer une succession catholiqu