Les odeurs agissent sur notre cerveau et sur notre santé, parce que nous sommes des êtres sensoriels. De manière souvent inconsciente, tous nos sens sont mobilisés en permanence pour nous maintenir en vie, nous prévenir des dangers, nous informer sur le monde qui nous entoure et sur l’état de notre organisme. Mais l’odorat est de tous nos sens celui qui nous semble à tort le moins essentiel pour vivre et survivre. C’est aussi celui pour lequel il n’y a ni prothèses ni substituts, et c’est le moins investi par la science biomédicale. La preuve, ça fait à peine 20 ans qu’on s’intéresse sérieusement à notre perception des odeurs. C’est dire le manque de curiosité dont a souffert ce pauvre nez. Il a fallu le prix Nobel de physiologie et médecine de Linda Buck et de Richard Axel en 2004, qui a récompensé leur découverte des récepteurs olfactifs, pour qu’on réalise la formidable performance de cet organe. Les humains sont capables de distinguer plus de 10’000 molécules différentes, ce qui représenterait des milliards de nuances possibles en les combinant. Il a ensuite fallu attendre que le Covid frappe, que des millions de personnes se retrouvent privées d’odorat, pour que l’on réalise à quel point ce sens est important et sa perte handicapante. Depuis, la recherche médicale a obtenu des fonds et la connaissance avance. Quentin Bohlen et Jochen Bechler nous invitent à les suivre par le bout du nez.