
Fille d’Henri VIII (1509-1547) et de Catherine d’Aragon, sa première épouse, Marie Tudor voit le jour dans une période troublée du royaume d’Angleterre. Très tôt, elle subit l’éloignement et l’isolement, envoyée en exil durant une grande partie de son enfance pour échapper aux intrigues de la cour.
En particulier, Anne Boleyn, seconde épouse du roi et mère de la future Élisabeth Ire, nourrit une haine profonde envers Marie, la reléguant au second plan et cherchant à briser son statut royal.
« En politique comme dans les familles royales, l’enfance est rarement un refuge. »
Privée de reconnaissance officielle, Marie grandit entre humiliation et résignation, consciente que ses droits au trône sont compromis. Pourtant, sa ténacité et son attachement à sa foi catholique ne faiblissent jamais.
Une accession tardive mais déterminée au trône
Lorsque son père meurt, Marie ne monte pas immédiatement sur le trône. C’est son jeune frère, Édouard VI, qui hérite de la couronne. Ce n’est qu’en 1553, à la mort prématurée de ce dernier, que Marie peut enfin faire valoir son droit légitime à régner sur l’Angleterre.
Après des années de mise à l’écart, son couronnement est accueilli avec une ferveur mitigée par une population partagée entre l’espoir et la crainte.
« L’accession au pouvoir est souvent un combat plus politique qu’héréditaire. »
Mais pour Marie, il ne s’agit pas simplement de gouverner : elle entend restaurer la foi catholique et réparer ce qu’elle considère comme les erreurs de ses prédécesseurs protestants.
Une foi inébranlable et des décisions contestées
Dès les premiers mois de son règne, Marie montre une détermination farouche à rétablir la religion catholique comme culte officiel. Elle annule les réformes protestantes instaurées sous Édouard VI, fait expulser les prêtres mariés et impose un retour strict aux traditions romaines.
Ce zèle religieux heurte profondément une partie de la population anglaise, déjà sensibilisée aux idées réformées.
« La foi, quand elle devient instrument de pouvoir, divise plus qu’elle ne rassemble. »
Son mariage avec Philippe d’Espagne, fils de Charles Quint, aggrave encore les tensions. Malgré l’opposition du Parlement et l’hostilité du peuple, Marie épouse Philippe, provoquant des soulèvements violents, notamment la rébellion de Wyatt.
La répression est brutale : les insurgés sont exécutés et sa demi-sœur Élisabeth est enfermée à la Tour de Londres.
Le règne de la terreur religieuse
En 1555, la reine fait rétablir une ancienne loi contre l’hérésie, qui autorise l’exécution des protestants refusant d’abjurer leur foi.
S’ouvre alors l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire anglaise : plus de 280 personnes, dont des femmes et des vieillards, sont brûlées vives. Cette chasse à l’hérétique frappe aussi bien les notables que les humbles, dans un climat de peur et d’intolérance.
« L’histoire n’oublie jamais les flammes qui ont consumé les innocents. »
Marie, désormais surnommée « Bloody Mary » par ses opposants, s’enferme dans une vision rigide de la justice divine, croyant servir Dieu en châtiant ses ennemis.
Une fin de règne marquée par la solitude et l’impopularité
Le 17 novembre 1558, Marie meurt à l’âge de 42 ans, sans descendance.
Son règne s’achève dans un climat de rejet populaire et de désillusion. Ses politiques religieuses, sa dépendance à l’Espagne et ses décisions autoritaires ont terni durablement son image auprès de ses contemporains comme des générations futures.
« Même les souverains les plus puissants ne survivent pas à la colère du peuple. »
L’arrivée au pouvoir de sa sœur Élisabeth marque un tournant. Le protestantisme est rétabli, et Marie est reléguée au rang de symbole funeste de l’intolérance religieuse. Son surnom de « Marie la Sanglante » lui survivra bien au-delà de son époque.