Le signal est net : les structures en polyéthylène (PE) ou polypropylène (PP) « mono-résine » remplacent les complexes multi-couches difficiles à recycler. Le marché mondial du mono-matériau est estimé à 4,19 milliards $ en 2024, avec une croissance annuelle attendue d’environ 8 % jusqu’en 2030.
Côté composition, le PE demeure la résine dominante dans le souple, pesant environ 48 % des applications en 2024. Ces chiffres confirment que l’éco-conception passe par la simplification des structures et la compatibilité avec les filières de tri.
Résumé des points abordés
Pression réglementaire accrue en Europe
Le nouveau règlement européen sur les emballages (PPWR) est entré en vigueur le 11 février 2025 et s’appliquera de manière générale après 18 mois. Son objectif : réduire les volumes, rendre tous les emballages recyclables et stimuler le contenu recyclé, avec des cibles progressives déjà actées pour certaines catégories et un cap renforcé sur la réutilisation.
La dynamique réglementaire s’inscrit dans un contexte où les Européens génèrent près de 190 kg de déchets d’emballages par personne et où un accord politique a fixé des objectifs de réduction de 5 % d’ici 2030 et 15 % d’ici 2040.
En 2022, l’UE a recyclé environ 41 % des déchets d’emballages plastiques, un progrès modeste mais continu sur la décennie. En France, l’extension des consignes de tri et la montée des filières ont permis une hausse de 15 % des volumes de plastiques d’emballages ménagers effectivement recyclés selon Citeo.
Ces données, encore perfectibles, expliquent l’effort massif des convertisseurs vers le « design for recycling » et la sécurisation d’approvisionnements en PCR (plastique recyclé post-consommation).
Allègement des structures et nouvelles barrières
Le « downgauging » – réduire l’épaisseur des films sans perdre en performance – progresse grâce à des lignes MDO-PE (orientation machine) et à des vernis barrières remplaçant des couches aluminium ou PA. Les encres et colles évoluent vers des versions à faible COV, lavables et « de-inkable » pour limiter les perturbations au recyclage. Ces évolutions répondent à la fois aux critères d’éco-modulation des éco-organismes et aux futures méthodes de calcul du contenu recyclé prévues par le PPWR.
Les poches rechargeables, doypacks avec bec verseur et sachets zip réutilisables gagnent du terrain dans l’hygiène-beauté et l’épicerie sèche. En parallèle, le commerce en ligne pousse des formats mailers souples optimisés en volume vide et en poids, dans la logique de limitation des « espaces perdus » imposée par le cadre européen.
Le marché mondial des emballages souples reste robuste : il est évalué à environ 259 milliards $ en 2024, avec une trajectoire de croissance soutenue à moyen terme portée par l’agro-alimentaire, la pharmacie et le personal care.
Cette croissance s’accompagne d’une recomposition industrielle en Europe, où la production plastique a été chahutée par les coûts énergétiques et la concurrence internationale, ce qui renforce l’intérêt d’investir dans l’efficacité matière et la circularité locale.
Comment les industriels s’adaptent
- Re-ingénierie des structures.
Les transformateurs migrent vers des laminés PE-PE ou PP-PP avec barrières EVOH optimisées, tests de soudabilité renforcés et performances mécaniques obtenues par orientation. Objectif : recycler en flux PE/PP existants et maintenir l’intégrité produit. - Intégration de PCR et traçabilité.
Montée des gammes « contact non-alimentaire » avec taux de PCR plus élevés, certification des masses (ISCC+) et contrôle qualité renforcé pour stabiliser teinte et propriétés. Les cahiers des charges clients intègrent désormais des seuils PCR cibles par référence. - Encres, vernis et colles « circulaires ».
Déploiement d’encres à base aqueuse ou à faible solvant et d’adhésifs compatibles délamination, afin de faciliter le désencrage et d’améliorer la qualité du recyclat. - Équipement et data.
Investissements dans des co-extrudeuses dernière génération, MDO et contrôle vision en ligne pour réduire les rebuts, documenter l’empreinte et répondre aux critères d’éco-conception demandés par les metteurs en marché et les éco-organismes. - Nouvelles offres clients.
Développement de gammes standard « prêtes à recycler » par famille d’usage, services d’éco-conception et ACV, pilotes de réemploi pour les flux B2B, et contrats d’approvisionnement PCR pluriannuels.
Dans ce contexte mouvant, choisir des partenaires capables de conjuguer innovation, conformité et robustesse industrielle devient décisif. Les fabricants d’emballages en plastique qui anticipent la réglementation, sécurisent le PCR et maîtrisent les mono-matériaux donneront un avantage compétitif tangible à leurs clients.