Il aura fallu du temps à Michael Douglas pour s’émanciper de l’influence de son célèbre père et se forger sa propre stature de star. Au fil d’archives et d’un entretien où il se livre avec une sincérité rare, le récit d’une carrière ponctuée d’épreuves personnelles et de succès.

Fils aîné du grand Kirk Douglas, disparu à 103 ans en 2020, et d’une mère également actrice, Michael Douglas a mis longtemps à s’émanciper de l’influence paternelle avant d’affirmer sa différence. Entré à l’université au début des années 1960, il milite contre la guerre du Viêtnam, surgissant avec d’autres étudiants dans les salles de cours pour des happenings spectaculaires. En troisième année, alors qu’il doit choisir une spécialisation, ne se projetant dans aucune carrière particulière, il opte pour le théâtre parce que, confie-t-il, « c’était la chose la plus simple à laquelle je pouvais penser tout en continuant à profiter de ma vie hippie ». Devenu comédien sans l’avoir vraiment désiré, il enchaîne quelques rôles sur les planches avant d’être engagé pour jouer un détective novice dans la série policière Les rues de San Francisco aux côtés de Karl Malden, l’un des fidèles amis de son père. Quatre ans plus tard, « après avoir beaucoup appris », il se lance dans la production de Vol au-dessus d’un nid de coucou, un roman dont son père, encore, détient les droits. Pari réussi : le film de Milos Forman lui apportera l’Oscar du meilleur producteur et à Jack Nicholson, son interprète, celui de meilleur acteur. Michael a 30 ans, il est riche et peut entrer comme producteur par la grande porte à Hollywood. Après Le syndrome chinois, où il joue aussi, il change de registre, produisant, au milieu des années 1980, les comédies d’aventure À la poursuite du diamant vert et Le diamant du Nil, dont il est également la tête d’affiche. Ces deux grands succès au box-office vont définitivement propulser sa carrière d’acteur. De Wall Street : l’argent ne dort jamais au super-héros Marvel Ant-Man en passant par Basic Instinct ou Ma vie avec Liberace, il n’aura de cesse dès lors de prendre des risques et de s’éloigner des rôles de séducteur macho et viril qu’incarnait son père.

Sans tabous

Nourri d’archives et d’extraits de films, ce portrait de Michael Douglas par Amine Mestari (Claude Sautet – Le calme et la dissonance) retrace sa double carrière d’acteur et de producteur, toutes deux récompensées en un demi-siècle par deux Oscars, six Golden Globes et une Palme d’honneur à Cannes en 2023. Il se penche aussi, sans tabous, sur les épreuves personnelles qu’il a traversées et surmontées, de ses addictions à sa vie privée chaotique, de son cancer de la langue aux errances de son fils Cameron, condamné pour trafic de drogue. Au fil d’un entretien qui ponctue le film, Michael Douglas se raconte aussi lui-même avec une rare sincérité, livrant d’émouvantes réflexions sur l’existence, la famille et son métier.

Documentaire d’Amine Mestari (France, 2022, 53mn)

Disponible jusqu’au 13/12/2023