Le sujet des règles porte encore un poids insidieux que beaucoup ressentent sans parvenir à l’exprimer : le silence fait mal, parce qu’il nourrit la confusion, l’isolement, le sentiment de honte ou de gêne.
Briser ce tabou est un acte de réparation – envers soi-même et envers toutes les personnes menstruées. Le cycle menstruel, pourtant universel et naturel, reste trop souvent relégué au secret, au non-dit, voire au dégoût.
Cette invisibilisation perpétue des souffrances silencieuses, fragilise la santé intime et creuse des inégalités injustifiées. Pourtant, le corps parle, le sang dit quelque chose, et le cycle mérite d’être entendu avec bienveillance.
Aujourd’hui, on sent naître une volonté collective de changer ce regard, d’oser nommer ce qui se passe chaque mois dans le corps de millions de personnes, de redonner au cycle menstruel sa juste place : celle d’un indicateur de bien-être, d’un marqueur de santé, mais aussi d’un vécu personnel et émotionnel fort, qui mérite qu’on lui prête attention et douceur.
Résumé des points abordés
- Le silence autour des règles : un héritage qui fait encore mal
- La honte et la gêne : mécanismes d’autocensure puissants
- Des conséquences concrètes sur la santé et l’autonomie
- Des gestes simples pour mieux vivre son cycle au quotidien
- Une approche intime, mais pas isolée
- La santé intime, un droit et non un luxe
- Conclusion
Le silence autour des règles : un héritage qui fait encore mal
Le tabou qui entoure les menstruations est d’abord une affaire d’éducation – ou plutôt de déséducation.
Très tôt, les jeunes filles entendent que « ça ne se dit pas », que c’est un sujet intime, voire honteux, qu’il vaut mieux cacher.
À l’école, les cours d’éducation sexuelle survolent la question, ou l’associent à une fonction purement biologique et reproductive. À la maison, on évoque parfois les règles avec gêne, entre deux portes, sans créer d’espace rassurant pour en parler librement. Résultat : le vécu menstruel se forme souvent dans le silence, voire dans l’ignorance.
Ce mutisme a des conséquences bien réelles. Il enferme les personnes menstruées dans une forme d’isolement, les empêche de comparer leurs symptômes, de comprendre ce qui est normal ou non, et surtout de demander de l’aide. Il est difficile de verbaliser une douleur, une fatigue extrême ou un mal-être émotionnel si on pense que c’est « dans la tête » ou que tout le monde vit cela sans se plaindre.
Ce conditionnement participe d’une culture du silence où l’on finit par douter de soi-même.
La honte et la gêne : mécanismes d’autocensure puissants
Ce que l’on ne dit pas finit souvent par s’imprimer dans le corps comme une gêne diffuse. L’idée que les règles seraient sales, embarrassantes ou inappropriées pour le regard social s’impose insidieusement.
Beaucoup apprennent à cacher leur protection menstruelle, à serrer les dents en cas de douleur, à s’excuser presque d’être indisposées. Cette honte intériorisée crée un réflexe d’autocensure qui empêche de nommer les choses avec simplicité.
Dans le monde professionnel, il est encore mal vu de parler ouvertement de ses douleurs menstruelles. Dans certaines cultures, les règles sont associées à l’impureté ou à une forme de faiblesse. Même dans les milieux dits progressistes, le sujet reste souvent perçu comme secondaire ou inconfortable.
Tout cela alimente un cercle vicieux où le silence devient une norme, et où chacun·e apprend à taire ce qui est pourtant fondamental dans son rapport au corps.
Des conséquences concrètes sur la santé et l’autonomie
Le tabou autour des règles a également des répercussions directes sur la santé. Beaucoup ignorent les signes qui devraient les alerter : douleurs trop intenses, saignements inhabituels, cycles irréguliers ou autres symptômes liés à des pathologies comme l’endométriose ou le syndrome des ovaires polykystiques.
Le fait de ne pas parler de ces symptômes empêche un diagnostic précoce, voire décourage la consultation médicale. Certaines ne savent même pas quand faire un test IST, alors que le lien entre santé sexuelle et cycle menstruel est essentiel à comprendre.
La précarité menstruelle constitue une autre dimension du problème. Ne pas pouvoir se procurer de protections adaptées, manquer d’accès à des toilettes sûres et propres, ou devoir cacher ses règles par peur d’être stigmatisée : ce sont des réalités vécues par de nombreuses personnes, même en Europe.
Ce manque de confort et de dignité aggrave le sentiment d’exclusion.
Des gestes simples pour mieux vivre son cycle au quotidien
Briser le silence commence par une démarche personnelle, douce, bienveillante. Cela passe par une écoute active de son corps, une réappropriation de son cycle comme d’un compagnon plutôt que d’un adversaire.
Tenir un journal menstruel, par exemple, permet de repérer ses propres rythmes, de mieux comprendre ses variations d’énergie, ses états émotionnels, ses douleurs ou ses besoins particuliers à chaque phase du cycle.
Prendre soin de soi durant ses règles, c’est aussi apprendre à ralentir. Offrir à son corps des moments de repos, des bouillottes, des massages doux, pratiquer une activité physique modérée comme le yoga ou la marche peut réellement améliorer la qualité de vie pendant cette période.
On peut aussi jouer sur l’alimentation : favoriser les oméga-3, les fibres, les antioxydants, tout en limitant les aliments inflammatoires. Boire suffisamment, s’hydrater en tisanes, écouter sa faim sans jugement : autant de gestes qui nourrissent une relation plus douce à son corps.
Une approche intime, mais pas isolée
Briser le silence, ce n’est pas seulement parler aux autres, c’est aussi se parler à soi-même avec plus de tendresse. Il peut être libérateur de confier son vécu à une personne de confiance, qu’il s’agisse d’un proche ou d’un·e professionnel·le. Cela permet de relativiser, de se sentir moins seule, et surtout de valider ses émotions.
Redéfinir ce qui est « normal » pour soi, sans se comparer sans cesse aux autres, c’est reprendre la main sur son corps.
Le cycle menstruel n’est pas uniforme : certaines personnes ont des règles abondantes, d’autres des douleurs intenses, d’autres encore des fluctuations d’humeur marquées. Tant que cela ne nuit pas à la qualité de vie, cela peut faire partie de sa normalité. En revanche, dès que quelque chose semble inhabituel ou handicapant, il faut pouvoir consulter sans honte.
La santé intime, un droit et non un luxe
Dans ce contexte, l’accès à des informations fiables, à des protections adaptées et à des outils de suivi médical devient essentiel. De plus en plus de solutions émergent pour aider à mieux connaître son corps, parmi lesquelles les tests IST à domicile vs laboratoire : chacun présente des avantages, mais l’important est de pouvoir choisir en toute autonomie et confidentialité.
C’est dans cet esprit qu’évolue Red drop LAB., une initiative innovante qui valorise le sang menstruel comme un marqueur de santé. En transformant ce sang, souvent considéré comme déchet, en source d’informations biologiques précieuses, cette startup ouvre une voie nouvelle dans la prévention et le diagnostic.
C’est une manière subtile, mais puissante, de réhabiliter les règles comme outil de connaissance de soi – et non comme sujet à éviter.
Conclusion
Briser le tabou des règles, c’est bien plus qu’un acte militant : c’est une nécessité intime, sociale et sanitaire. Tant que le silence perdurera, il continuera de faire mal – en invisibilisant la douleur, en freinant les diagnostics, en nourrissant une honte qui n’a pas lieu d’être.
Mais chaque mot posé, chaque geste de soin, chaque échange sincère participe à faire bouger les lignes. En réhabilitant les menstruations comme une réalité vivante, digne d’attention et de respect, on ouvre la voie à une santé plus complète, plus juste, plus humaine.
Et si le cycle devenait enfin un allié ? Non pas une gêne à cacher, mais un langage corporel à écouter. Grâce à des initiatives comme Red drop LAB., à des outils adaptés et à des pratiques bienveillantes, il devient possible de faire des règles non plus un poids, mais un point d’ancrage. Un repère dans le corps, une force tranquille, un espace de connaissance de soi que plus rien n’a besoin de faire taire.