Dans un enchevêtrement d’images d’archives retravaillées et ralenties, portées par une bande sonore originale, Susana De Sousa Dias tisse une vision singulière de la dictature portugaise. Les quarante-huit ans de régime autoritaire – de 1926, date du coup d’État, à la révolution des Œillets en 1974 – sont évoqués à travers de multiples visages : ceux des prisonniers politiques, photographiés sous les trois angles réglementaires de leur casier judiciaire, mais aussi ceux de soutiens au régime dictatorial – des hommes d’Église lors de processions, des militaires pendant les guerres d’indépendance dans les ex-colonies portugaises, des policiers qui répriment les manifestations – ainsi que des discours d’Antonio de Oliveira Salazar. Le tout est encadré par les regards d’une population en apparence sereine, puis agitée, ainsi que par les visages de jeunes Africains. Une manière puissante, aux intentions ouvertement esthétiques, d’évoquer une époque violente à laquelle mit fin une révolution joyeuse et pacifique.