L’évolution du concept d’atome a été complexe et sinueuse à travers l’histoire. Initialement amorcée par les philosophes de l’Antiquité grecque tels que Leucippe et Démocrite, elle a finalement conduit, après vingt-cinq siècles, à une première confirmation : en 1906, à Paris, le physicien Jean Perrin a prouvé l’existence des atomes grâce à ses expériences sur le phénomène du « mouvement brownien », qui décrit l’agitation aléatoire de petites particules en suspension dans un liquide ou un gaz.
Au début, les scientifiques ont cru que les atomes nouvellement découverts étaient similaires à ceux imaginés par les philosophes de l’Antiquité. Cependant, les expériences ultérieures ont révélé une réalité bien différente. Les atomes réels, ceux qui constituent la matière ordinaire, ne possèdent en fait aucune des caractéristiques attribuées par les anciens atomistes : ils ne sont pas indivisibles comme le suggère leur étymologie, étant composés d’un noyau dense entouré d’électrons en agitation, et leur structure n’est pas compacte car l’espace entre le noyau et les électrons est principalement vide. De plus, ils ne sont pas éternels, car ils se forment à travers des réactions nucléaires successives connues sous le nom de « nucléosynthèse ».
En fin de compte, le concept d’atome de la physique moderne contredit presque entièrement l’idée antique d’atome. Néanmoins, cette notion métaphysique, fondée initialement sur le non-être puis sur le vide, s’est révélée être une force motrice vertigineuse, suscitant des spéculations, des controverses et des recherches qui ont captivé les esprits pendant plus de deux millénaires, aboutissant à la découverte d’entités bien réelles mais radicalement différentes de celles initialement envisagées.