Les guerres de Vendée

Les guerres de Vendée désignent les nombreuses insurrections royalistes parties de Vendée en 1793, pendant la Révolution française, et s’étant poursuivies jusqu’en 1832. Les insurrections vendéennes, sauf la dernière, opposent les Blancs (royalistes) aux Bleus (républicains) sur un large territoire dépassant les limites de la Vendée historique. Les Blancs vendéens sont étroitement liés à l’autre grand mouvement royaliste de l’Ouest, la chouannerie, qui concerne la Bretagne, l’Anjou, le Maine et la Normandie.

Les origines

Au moment de la Révolution, la Vendée est une terre essentiellement rurale et surtout très catholique. Initialement, ce n’est pas pour la monarchie que les paysans vendéens se soulèvent, mais pour la défense de leur religion et de leurs prêtres, dont la plupart refusent de prêter serment à la Constitution civile du clergé, votée en 1790.

Le mécontentement monte peu à peu jusqu’au déclenchement réel de la guerre de Vendée, provoqué par la décision de la Convention de lever une armée de 300.000 hommes tirés au sort parmi les célibataires.

En effet, l’exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793 avait suscité le déchaînement des autres souverains européens et la formation d’une coalition contre la France républicaine. Cette dernière avait donc besoin de soldats, mais les Vendéens, indignés par l’exécution du roi et le sort réservé à leurs prêtres, refusent de se battre pour la République. Les administrateurs envoyés en Vendée pour recruter ces hommes sont violemment molestés et rapidement, se constitue une véritable armée vendéenne, formée surtout de paysans, contre les révolutionnaires.

Organisation

La guerre de Vendée est menée par de grandes figures telles que Jacques Cathelineau, Jean-Nicolas Stofflet, François Charette, Maurice d’Elbée et Henri de La Rochejaquelein. Les trois armées vendéennes, à savoir l’Armée catholique et royale d’Anjou et du Haut-Poitou, l’Armée de Charette (dans le Marais breton), ainsi que l’Armée du Bas-Poitou et du Pays de Retz, se regroupent pour former l’Armée catholique et royale de Vendée.

L’insurrection vendéenne concerne un territoire beaucoup plus étendu que la Vendée actuelle. Les deux principales zones d’insurrections sont une large bande longeant la façade atlantique et allant de Machecoul à Luçon, ainsi qu’un vaste territoire entourant Cholet et s’étendant jusqu’à la Loire. Le reste de la région, de Savenay à Angers et descendant jusqu’au sud de la Vendée actuelle, est quant à lui sujet à des affrontements épisodiques.

Succès et échecs

Le début de la révolte vendéenne est marqué par la prise de Cholet, en mars 1793, suivie de l’occupation de Chalonnes, de Thouars, de Fontenay-le-Comte, de Saumur puis d’Angers.

En juin, l’Armée catholique et royale décide, après un débat entre ses membres, de marcher sur Nantes. La bataille de Nantes, le 29 juin 1793, est sans doute l’événement le plus important de la guerre de Vendée: c’est un véritable échec pour l’armée vendéenne, qui y perd son généralissime Cathelineau.

En octobre, les Vendéens perdent Cholet au profit des Bleus et doivent se replier sur Saint-Florent-le-Vieil, où ils se retrouvent acculés à la Loire. Dans la précipitation et la panique, les insurgés traversent la Loire en s’emparant de barques et gagnent la rive nord du fleuve.

La Virée de Galerne

C’est le début de la grande marche des Vendéens, militaires et civils, connue sous le nom de Virée de Galerne. Ayant reçu un message de la part des Britanniques leur promettant de l’aide à condition que les Vendéens s’emparent d’un port, ce sont des dizaines de milliers de soldats, d’hommes, de femmes, d’enfants et de vieillards qui se mettent en route vers Granville, guidés par leur nouveau généralissime, Henri de La Rochejaquelein. Sur le chemin, la troupe remporte de nombreuses victoires contre les républicains, notamment à Laval et à Fougères, où elle est rejointe par les chouans de Georges Cadoudal.

A la mi-novembre, les Vendéens atteignent Granville mais les renforts britanniques n’arrivent pas. Les Vendéens font alors demi-tour mais remportent de nouvelles victoires à Pontorson et à Dol-de-Bretagne, qui sont cependant leurs derniers succès face aux républicains.

La Virée de Galerne se termine le 23 décembre à Savenay par une victoire des Bleus et une répression féroce contre les Vendéens.

La reprise de la guerre (1795-1796)

En 1795, Charette, nommé général de l’Armée catholique et royale par le futur Louis XVIII, frère de Louis XVI et comte de Provence, décide de reprendre la lutte. Après l’expédition de Quiberon qui a opposé les chouans et les Anglais aux troupes républicaines de juin à juillet 1795, et qui s’est terminée par la victoire des Bleus, Charette reçoit des munitions de la part des Britanniques à Saint-Jean-de-Monts, mais est finalement battu par le général Hoche.

L’expédition de l’Île d’Yeu, d’août à novembre 1795, organisée par Charette afin de faire venir en Vendée le comte d’Artois, futur Charles X et également frère de Louis XVI, est un échec pour les royalistes. Charette est arrêté et fusillé en mars 1796.

Les soulèvements de 1799 et 1815

L’insurrection royaliste connaît des soubresauts en 1799 et surtout en 1815. Les soulèvements vendéens de 1799, parfois qualifiés de Terreur blanche, suivent le coup d’Etat de septembre 1797 (18 fructidor an V) perpétré par trois des cinq chefs du Directoire contre les royalistes, majoritaires dans les organes de décision.

Une nouvelle insurrection, beaucoup plus importante, est déclenchée en 1815 par le retour d’exil de Napoléon Bonaparte qui renverse la monarchie restaurée l’année précédente et reprend le pouvoir en France. Cette période, connue sous le nom de Cent-Jours, s’étend du 1er mars au 22 juin 1815, date à laquelle Napoléon est définitivement vaincu suite à la bataille de Waterloo.

La Vendée royaliste se soulève contre le retour de Napoléon, pendant que Louis de La Rochejaquelein (frère d’Henri) annonce un prochain débarquement d’armes britanniques. Une fois ce renfort arrivé, les Vendéens reprennent du terrain. S’ensuit une série de batailles donnant tantôt la victoire aux Vendéens, tantôt aux Impériaux, comme L’Aiguillon, Châtillon, Aizenay, Saint-Gilles-sur-Vie, Thouars.

Vaincus sur le plan militaire, les Vendéens figurent dans le camp des vainqueurs lorsque Napoléon est défait à Waterloo, en juin 1815, et envoyé sur l’île de Sainte-Hélène.

L’insurrection de la duchesse de Berry (1832)

La dernière guerre de Vendée a lieu de mai à juin 1832, lorsque Marie-Caroline de Bourbon, duchesse de Berry et épouse de Charles Ferdinand d’Artois, fils de l’ex-roi Charles X, tente de renverser la monarchie de Juillet de Louis-Philippe afin de faire introniser son fils Henri d’Artois, qu’elle considère comme l’héritier légitime.

La duchesse entend s’emparer du pouvoir afin d’assurer elle-même la régence au nom de son fils, et compte s’appuyer notamment sur la Vendée, restée favorable à la monarchie légitimiste. Cette insurrection a donc comme base la lutte entre Légitimistes, partisans de la duchesse de Berry et d’Henri d’Artois, et Orléanistes, qui soutiennent Louis-Philippe. L’Armée catholique et royale de Vendée, dont le commandement est confié à Louis de Ghaisne de Bourmont, est alors reconstituée.

Mais ce soulèvement n’a que peu d’ampleur: le contexte n’est plus le même qu’en 1793 et les Vendéens ne souhaitent pas s’engager dans une nouvelle guerre. La duchesse de Berry réussit tout de même à rassembler un petit noyau de Vendéens qui affrontent les Orléanistes à Maisdon-sur-Sèvre, à Vieillevigne et à La Bernardière, où ils sont à chaque fois défaits par les troupes de Louis-Philippe. L’insurrection est rapidement matée par les Orléanistes et la duchesse de Berry est emprisonnée.