
Une arnaque en pleine mutation
Si autrefois les fraudes au compteur concernaient surtout les véhicules anciens, la tendance a changé. Aujourd’hui, les voitures récentes, parfois âgées de moins de 3 ans, sont elles aussi ciblées. Pourquoi ? Parce qu’elles conservent une forte valeur de revente. En modifiant le kilométrage, les escrocs peuvent gagner plusieurs milliers d’euros, tout en présentant un véhicule comme quasi neuf.
La digitalisation des tableaux de bord a pourtant laissé penser, à tort, que les fraudes deviendraient impossibles. En réalité, des appareils électroniques spécifiques permettent de reprogrammer le kilométrage en quelques minutes, sans laisser de trace visible sur les diagnostics standards.
Des outils accessibles, des méthodes sophistiquées
Sur des plateformes en ligne peu régulées, il est facile de se procurer des outils capables d’agir directement sur l’ordinateur de bord. Ces appareils, initialement destinés aux professionnels pour la reconfiguration après remplacement de pièces, sont désormais utilisés à mauvais escient.
Dans les modèles récents, ces modifications ne laissent souvent aucun indice physique : pas d’usure apparente, pas de témoins allumés. Résultat : l’acheteur se fie à ce qu’il voit et à ce que le vendeur affirme. Or, sans contrôle approfondi, difficile de détecter une fraude.
Un impact direct sur la sécurité et la valeur du véhicule
Un kilométrage trafiqué fausse non seulement la valeur marchande, mais aussi la perception de l’usure des pièces. Une voiture affichée à 75 000 km pourrait en réalité avoir parcouru 150 000 km, et donc nécessiter des interventions majeures : distribution, freins, amortisseurs, embrayage…
Le risque est double : payer trop cher pour un véhicule usé et rouler dans un véhicule potentiellement dangereux faute d’entretien adapté à son véritable usage.
Des véhicules récents importés sous fausse identité
De nombreux cas de fraude sont également liés à l’importation. Des véhicules vendus moins cher à l’étranger sont parfois achetés, reprogrammés, puis revendus sur le marché français comme des modèles faiblement kilométrés et parfaitement entretenus.
Dans certains cas, ces voitures ont connu une utilisation professionnelle intense (taxis, flottes d’entreprise) et sont revendues comme véhicules de particulier. Sans vérification d’historique complète, impossible pour l’acheteur de connaître la vérité.
L’importance du rapport VIN
La seule façon fiable de se protéger aujourd’hui est de consulter l’historique complet du véhicule à partir de son numéro VIN. Ce code unique permet, grâce à des services spécialisés comme Keepvin ou Car vertical, d’accéder à une base de données internationale :
- Relevés de kilométrage historiques
- Rapports d’entretien
- Déclarations de sinistres
- Informations sur l’usage (privé ou professionnel)
- Provenance du véhicule
Ces rapports sont devenus un standard pour les acheteurs exigeants, mais aussi pour les professionnels sérieux (garages, mandataires, concessions) qui veulent garantir des véhicules transparents.
Un réflexe à adopter avant tout achat
À l’heure où les fraudes se professionnalisent, il est illusoire de se fier à la bonne foi du vendeur ou à une jolie apparence. Avant de signer, il est essentiel de demander le numéro VIN et de procéder à une vérification complète.
Ce simple geste peut éviter une arnaque, mais aussi devenir un levier de négociation si des incohérences apparaissent. Dans le marché actuel, la transparence est une rareté… que seuls les plus prudents savent obtenir.