Né à Londres en 1644, Guillaume Penn s’engage très jeune dans un cheminement spirituel audacieux. À seulement vingt-deux ans, il adhère pleinement aux principes du quakerisme, une religion marginalisée.
Son attachement à cette foi, surnommée « la religion des amis », le conduit rapidement à la confrontation avec les autorités britanniques, ce qui lui vaudra plusieurs incarcérations à la Tour de Londres.
Loin de se résigner, Penn choisit l’exil spirituel et intellectuel, sillonnant l’Allemagne et la Hollande pour y prêcher ses idéaux de paix, d’égalité et de liberté religieuse.
Résumé des points abordés
Une concession en Amérique : naissance de la Pennsylvanie
À son retour en Angleterre en 1681, Guillaume Penn profite d’une dette contractée envers son père défunt par la Couronne pour négocier une concession territoriale dans le Nouveau Monde.
Cette terre, située à l’ouest du fleuve Delaware, portera bientôt le nom de Pennsylvania, littéralement « la forêt de Penn ». Ce geste royal, destiné à apurer une créance de seize mille livres, offre à Penn une chance inespérée de bâtir une société fondée sur les valeurs qu’il défend.
Il ne rêve pas d’un simple territoire colonial, mais d’un laboratoire démocratique, d’une cité modèle où la tolérance religieuse et les droits fondamentaux seraient respectés.
Une société guidée par la tolérance et la loi
Dès le 25 avril 1682, Penn offre à sa colonie une constitution en vingt-quatre articles, un texte novateur qui garantit la séparation des pouvoirs, le droit de propriété, la liberté de conscience et une forme de suffrage quasi universel pour l’époque.
Ce document établit la Pennsylvanie comme l’un des premiers États démocratiques du monde occidental.
Voici ce que cette constitution prévoyait notamment :
- L’élection des représentants par les colons eux-mêmes
- La liberté de culte garantie pour toutes les confessions
- L’égalité devant la loi pour tous les citoyens
- Un pouvoir exécutif limité et contrôlé
La colonie devient rapidement un refuge pour les persécutés religieux, qu’ils soient protestants, juifs, catholiques ou encore anabaptistes.
« En Pennsylvanie, chacun pouvait prier selon sa conscience, un luxe rare à une époque de guerres de religion. »
Retour en Angleterre : espoirs et désillusions
En 1684, après avoir mis sur pied les fondations de sa colonie idéale, Penn décide de retourner à Londres. Il y retrouve le roi Jacques II Stuart, dont il est un proche, et qu’il tente de convaincre d’adopter une politique de tolérance religieuse à l’image de celle instaurée en Pennsylvanie.
En 1687, son influence se concrétise par l’obtention de la Déclaration d’indulgence, qui suspend temporairement les lois pénalisant les non-anglicans.
Mais cette parenthèse de liberté sera de courte durée, balayée par les vents de la Glorieuse Révolution qui renversera les Stuart l’année suivante.
Une œuvre plus forte que l’adversité
À la chute de Jacques II en 1688, les soutiens du roi déchu sont pourchassés.
Guillaume Penn n’échappe pas à cette vague de répression : accusé de trahison, il est brièvement privé de la direction de sa colonie entre 1692 et 1694. Malgré ces tourments politiques, il demeure fidèle à ses convictions et refuse tout compromis avec les autorités. Il ne retournera jamais en Pennsylvanie.
Ses dernières années, passées en Angleterre dans une relative obscurité, s’achèvent le 30 juillet 1718, près de Londres, où il s’éteint à l’âge de 74 ans.
« Sa vision humaniste, bien que parfois marginalisée, allait s’inscrire durablement dans l’histoire constitutionnelle du monde occidental. »
Un héritage gravé dans les fondements de la démocratie
Guillaume Penn ne fut pas simplement le fondateur d’une colonie. Il fut l’un des précurseurs de la démocratie moderne. La constitution qu’il donna à la Pennsylvanie inspirera quelques décennies plus tard les pères fondateurs des États-Unis lorsqu’ils rédigeront la Constitution américaine.
Ses idées de liberté religieuse, de représentation populaire et de droits individuels irrigueront toute la pensée politique des Lumières américaines.
Voici en quoi son héritage reste vivant aujourd’hui :
- Il a démontré qu’un État fondé sur la tolérance était possible dès le XVIIe siècle.
- Il a introduit des principes de gouvernance encore présents dans les démocraties modernes.
- Il a fait de la Pennsylvanie un modèle de coexistence pacifique.
- Il a mis la foi au service de la justice sociale et politique.
« En s’opposant au fanatisme, Penn a semé les graines d’une démocratie où la différence n’est pas un obstacle, mais une richesse. »
Conclusion
Guillaume Penn, à travers son engagement spirituel, son combat pour la tolérance et son projet politique ambitieux, a marqué l’histoire bien au-delà de la fondation de la Pennsylvanie. Il incarne la figure du visionnaire, capable de transformer l’exil en espoir et la foi en action politique.
Son œuvre, bien que née dans la tourmente, a résisté aux siècles, inspirant les fondements mêmes de la démocratie américaine.