A chaque printemps, les brumes glaciales du Lac Baïkal sonnent le départ d’un voyage éprouvant pour les hommes du village de Kholodnaïa, sur la rive nord du lac. Ils doivent partir ravitailler les Evenks, des éleveurs de rennes qui vivent isolés sur les hauts plateaux sibériens. Voilà six mois que les bergers n’ont pas été approvisionné. L’hiver a été trop rude pour les camions de ravitaillement. Seul Dimitri et quelques hommes acceptent de prendre des risques pour ravitailler ces bergers. Ils n’ont que 65 kilomètres à parcourir… et pourtant il va leur falloir 48 heures ! Le printemps a transformé la route en marécage. Une véritable course contre la montre s’engage alors. Ornières, rivières en crues et forêts : les six roues motrices du camion vont avoir du mal à affronter les éléments naturels. Parfois, pas d’autre choix que de transformer le camion en bulldozer de fortune afin d’écraser les arbres qui lui barrent la route. Quand vient la nuit et ses températures glaciales, la mécanique se trouve bloquée par la glace. Et quand la nature force les hommes à descendre du camion, c’est un autre danger qui les guette: le loup… Plus bas dans la vallée, le redoux a transformé le Baïkal en piège mortel pour ceux qui en vivent. Dans peu de temps, il ne restera plus rien de l’épaisse couche de glace qui a recouvert le lac tout l’hiver. Beaucoup de pécheurs y ont perdu la vie, tombant dans une eau à 2°. Car pour trouver du poisson, il leur faut parcourir plusieurs kilomètres sur la surface de ce lac grand comme la Belgique. Anatoli, pécheur, vient de perdre son meilleur ami, dont la voiture a coulé au fond du lac en seulement quelques secondes. Malgré la menace, Anatoli n’a pas d’autre choix que de braver la fragilité de la glace fondante, ses 200€ de retraite mensuelle ne lui permettant pas de se nourrir correctement. Et quand le lac devient complètement impraticable, l’homme doit se rabattre vers une chasse encore plus dangereuse, celle au grand ours de Sibérie, le Grizzli. Un documentaire de Philippe Lafaix