Au mépris des droits de l’homme, l’Azerbaïdjan a corrompu des parlementaires européens pour s’acheter une respectabilité internationale. Second volet de cette enquête édifiante dans les sombres arcanes de la « diplomatie du caviar ».

Mallettes de cash, transferts via des sociétés offshore, montres en or… : le scandale des pots-de-vin versés à des parlementaires européens en échange de leur silence ou de leur complaisance a été révélé par des journalistes et par Arif Mammadov, ancien ambassadeur d’Azerbaïdjan auprès de l’Union européenne et du Conseil de l’Europe, devenu lanceur d’alerte. Parmi les bénéficiaires de ces millions d’euros, l’Italien Luca Volontè, condamné en janvier dernier, et l’Allemand Eduard Lintner, tous deux anciens membres de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. Chargé d’une mission d’observation lors de l’élection présidentielle de 2013, ce dernier avait ainsi déclaré le scrutin régulier, malgré des fraudes massives…

 
Vulnérabilité démocratique

Dans les pas de Gerald Knaus, fondateur d’European Stability Initiative, une ONG basée à Berlin, cette édifiante enquête plonge dans les sombres arcanes de la « caviar connection » et retrace, parallèlement, le combat courageux de Khadija Ismayilova. Journaliste d’investigation roumain spécialisé dans le crime organisé, Paul Radu, lui, raconte comment la presse tente de mutualiser ses ressources pour lutter contre les dérives de ces régimes, de l’Azerbaïdjan au Kazakhstan en passant par le Turkménistan. Grâce à ce travail et aux témoignages de dissidents, tel Emin Huseynov, réfugié en Suisse et contraint de se déguiser pour fuir son pays, un second rapport critique sur l’Azerbaïdjan a été adopté au Conseil de l’Europe et, en mars dernier, trente-huit détenus politiques ont été relâchés. Dans les pays voisins, la répression continue. À la suite de cet immense scandale, quatorze membres du Conseil de l’Europe ont aussi été exclus à vie. Mais la facilité avec laquelle Bakou a acheté des élus européens met surtout au jour l’effarante vulnérabilité de nos démocraties.

Documentaire de Laurent Richard et Benoît Bringer (France, 2021, 55mn)
Disponible jusqu’au 16/07/2023