Depuis les guerres qui ont dévasté les Balkans dans les années 1990, la communauté internationale continue d’associer le sud-est de l’Europe à une poudrière. « Tracks East » a donc choisi de donner la parole à de jeunes artistes de Bosnie-Herzégovine, de Serbie et du Kosovo qui s’efforcent de donner une autre image de cette région du monde.

Hyperconnectée, la nouvelle génération de créateurs et d’acteurs culturels ignore les frontières nationales et ne voit pas d’intérêt à alimenter de vieux préjugés. Performeuse originaire de Sarajevo, Smirna Kulenović sublime, dans sa pratique artistique, l’expérience que sa famille a faite de la guerre. Un geste fort et spectaculaire, pour lutter contre l’oubli, mais surtout pour un avenir pacifique.

À mi-chemin entre la performances et l’opérette pop, Astrit Ismaili n’est pas en reste pour ce qui est du spectacle. L’artiste kosovar qui se présente sous son alter ego de « Miss Kosovo », évoque le changement de statut de son pays qui est passé de « province de l’ex-Yougoslavie » à celui d’ »État indépendant » et établit un lien entre la grande histoire et sa propre identité queer. Dans ses  performances, l’artiste non-binaire convoque références fictionnelles, historiques et personnelles pour interpeller son public.

« Tracks East » a également rencontré Ivana Miljkovic et Marco Grabez, du groupe Koikoi, qui sont nés en Yougoslavie, ont grandi en Serbie-et-Monténégro, et vivent aujourd’hui en république de Serbie.

Dans cette région des Balkans, les conflits ethniques sont de longue date une triste tradition. Heureusement, pour toute une nouvelle génération d’artistes, ce passé si chargé et ce présent parfois difficile ne sauraient en aucun cas les empêcher d’engager une confrontation sincère et constructive avec leurs voisins. Et c’est peut-être justement la clé d’un avenir de tous les possibles.

Magazine (Allemagne, 2023, 30mn)