Devenir père est une aventure dans la vie d’un homme, mais aussi une métamorphose physiologique que la science commence tout juste à révéler. Enquête sur les racines biologiques de la paternité à partir de recherches dans de multiples disciplines.
En Allemagne, en France et dans de nombreux pays occidentaux, le temps que les pères passent avec leurs enfants a quadruplé depuis 1965. Longtemps négligé par la science, le sujet est aujourd’hui étudié par des chercheurs issus de différentes disciplines. Parmi eux, l’anthropologue américain Lee Gettler dirige des travaux sur la biologie de la paternité. Son analyse des changements hormonaux qui surviennent chez les nouveaux pères a révélé une baisse du taux de testostérone, tandis que les hormones du cortisol et de l’ocytocine, traditionnellement associées à la maternité, sont sécrétées en plus grande quantité. Le bioacousticien français Nicolas Mathevon, lui, bat en brèche le préjugé selon lequel les mères seraient plus prédisposées que les pères à réagir aux pleurs nocturnes de leur bébé : en réalité, cette capacité dépend du temps qu’un parent passe avec son enfant…
Bouleversement physiologique
Charles Darwin lui-même, au milieu du XIXe siècle, avait envisagé que les espèces mâles possédaient des caractères femelles latents, prêts à se manifester dans certaines circonstances. S’il a abandonné cette piste, les diverses études présentées par ce documentaire, auxquelles s’ajoutent celles de la neurobiologiste Ruth Feldman à Tel-Aviv ou de l’anthropologue américaine Sarah Blaffer Hrdy, autrice de l’ouvrage de référence Le temps des pères, montrent bien que, si l’environnement social est approprié, rien n’empêche les hommes de développer pleinement leur potentiel parental. D’autres scientifiques travaillent à mettre au jour les racines biologiques de ce potentiel nourricier, révélant que les soins apportés par les animaux mâles à leurs petits ont joué un rôle essentiel dans la survie de certaines espèces. Où l’on constate que, chez les hommes aussi, la naissance d’un enfant est à l’origine d’un bouleversement physiologique, et qu’une prise en compte sérieuse de cette intime métamorphose pourrait ouvrir la voie à une évolution profonde de nos sociétés.
Documentaire de Jacqueline Farmer (France, 2025, 53mn) disponible jusqu’au 06/02/2026