Une vision hypnotique et neuve de la mondialisation dans les pas d’entrepreneuses africaines cherchant fortune à Guangzhou. Un documentaire singulier de Marie Voignier qui révèle une nouvelle géographie du capitalisme.

Baskets Nike au kilo, sacs Vuitton par colis de cent, chemises Gucci en palette… : au marché des grossistes de Guangzhou, dans le sud de la Chine, s’échangent des tonnes de contrefaçons qui s’en iront, par conteneur, se revendre sous d’autres cieux. Venues du Cameroun, du Nigeria ou du Rwanda, les investisseuses, jeunes pour la plupart, que Marie Voignier suit dans ce dédale grouillant gèrent ou montent des entreprises de mode, de construction, de transport international, en lien avec leur pays d’origine. Parce qu’elles redoutent d’être expulsées, faute de visa en règle, la réalisatrice et plasticienne les filme clandestinement en extérieur avec un téléphone, et fait incarner leurs récits, face caméra, par d’autres femmes africaines en Chine.

Nouvelle géographie du capitalisme

Cette plongée hypnotique dans les dessous d’une mondialisation rarement montrée aussi concrètement renverse la perspective, pour démentir l’image d’une Afrique dominée. Sous les néons de chambres d’hôtels tristes, d’entrepôts et d’échoppes où les billets passent de main en main, Marie Voignier révèle, dans sa trivialité apparente, une nouvelle géographie du capitalisme. Les différents niveaux narratifs, incarnés par les protagonistes et leurs activités quotidiennes, dessinent les réseaux et les ramifications de cette économie en plein boom.

Documentaire de Marie Voignier disponible jusqu’au 12/02/2023.