Article | Managers : redonner du sens au quotidien

Dans un monde du travail en constante mutation, où la pression des résultats et l’accélération numérique redéfinissent les repères traditionnels, le rôle du manager prend une dimension nouvelle. Il ne s’agit plus seulement de coordonner, de planifier ou de contrôler, mais bien de donner du sens au quotidien professionnel de ses collaborateurs. Ce besoin de sens est devenu une aspiration profonde, exprimée avec de plus en plus de clarté par les équipes, souvent en quête de cohérence entre leurs valeurs personnelles et leurs missions professionnelles.

Réveiller l’utilité derrière les tâches

Redonner du sens, c’est d’abord ouvrir un espace de compréhension. Comprendre pourquoi on fait ce que l’on fait, et en quoi cela contribue à un objectif plus vaste que la simple exécution de tâches. Ce sentiment d’utilité, lorsqu’il est absent, crée un vide qui sape l’engagement et l’enthousiasme. Combien d’employés, pourtant compétents, perdent peu à peu leur motivation simplement parce qu’ils ne voient plus à quoi sert leur travail ?

Le manager, dans ce contexte, a la responsabilité de réinjecter du sens là où il a disparu. Cela peut passer par des moments d’échange réguliers, où l’on reformule ensemble les objectifs, où l’on recontextualise les actions du quotidien dans la stratégie globale. C’est aussi dans ce cadre qu’intervient la keynote de Julia de Funès en entreprise, souvent citée pour sa capacité à reconnecter les salariés à des notions essentielles comme la liberté, la valeur et la finalité du travail. En reliant la philosophie à la vie en entreprise, elle offre une grille de lecture différente, qui inspire les managers à aborder leur rôle sous un angle plus humain et profond.

Valoriser l’individu dans la dynamique collective

Ce sens, chacun le cherche aussi dans la reconnaissance de sa singularité. Dans un environnement souvent standardisé, où les processus priment sur les personnes, il est vital de rappeler que l’entreprise est avant tout faite d’êtres humains. La reconnaissance authentique, celle qui ne se contente pas de félicitations creuses, mais qui prend le temps de souligner un effort réel, une progression discrète ou une idée originale, devient un levier puissant pour réengager les équipes.

Le manager peut, par des gestes simples mais sincères, faire renaître ce lien entre la personne et son travail. En reconnaissant non seulement les résultats, mais aussi les tentatives, l’implication ou encore l’évolution personnelle, il instaure une culture du respect et de la confiance. Ce climat bienveillant ne gomme pas les exigences, mais il en modifie la perception : ce que l’on fait prend du sens parce qu’on se sent vu, entendu, considéré. Et c’est souvent ce regard qui change tout.

Encourager la participation et la co-construction

Le sens se nourrit également d’une forme d’implication active. Lorsqu’on subit les décisions sans en comprendre la logique, ou pire, sans avoir voix au chapitre, l’adhésion s’érode rapidement. Le manager, en instaurant des mécanismes de co-construction, permet à chacun de devenir acteur, et non simple exécutant. Cela ne signifie pas abandonner toute hiérarchie ou pilotage stratégique, mais plutôt ouvrir des espaces où l’on peut exprimer ses idées, poser des questions, proposer des alternatives.

Dans cette posture, le manager devient un facilitateur de sens, un trait d’union entre les objectifs de l’organisation et les aspirations individuelles. Il crée les conditions d’un engagement sincère, parce que celui-ci repose sur un dialogue permanent, une clarté dans les intentions et une place accordée à l’intelligence collective. Le travail ne devient pas seulement un devoir, mais un terrain d’expression de soi, où l’on contribue en sachant pourquoi, comment et dans quelle direction.

Cultiver le sens comme un processus vivant

Redonner du sens ne se décrète pas, et encore moins en une seule action symbolique. C’est un travail patient, exigeant, mais profondément structurant, qui demande d’accepter une certaine part d’inconfort. Il faut oser remettre en question des pratiques figées, accepter de ralentir pour réfléchir, et parfois de reconsidérer ce que l’on pensait évident. Le sens se construit dans les détails : une réunion bien animée, un objectif clairement formulé, une écoute attentive, un feedback honnête.

Plus qu’un outil de motivation, le sens devient une boussole, une manière de se situer dans un environnement mouvant. Et le manager, s’il accepte ce rôle, devient bien plus qu’un chef d’équipe. Il incarne une forme de leadership éclairé, capable de créer un lien durable entre performance et humanité. Dans un monde en quête de repères, cette capacité à donner du sens est peut-être la compétence la plus précieuse qu’un manager puisse développer.