Une enfance lombarde, dix années de succès à Rome, des commanditaires riches et puissants, un caractère vif et irascible, une attirance pour les bas-fonds et les querelles, toujours armé, plusieurs fois emprisonné, condamné à mort pour meurtre, contraint de fuir de Rome, traqué par la police papale, en cavale à Naples, puis en Sicile et à Malte, il meurt à 39 ans. Selon la légende son cadavre fut abandonné sur une plage, comme celui de Pasolini. De quoi nourrir la légende. Avec le temps, son nom disparut des mémoires. Ses œuvres n’étant pas signées, on lui attribua toutes celles jugées grossières, vulgaires et d’un réalisme de mauvais goût, on attribua les siennes à d’autres. Pendant trois siècles son œuvre fut ainsi démembrée et oubliée.\r\nL’œuvre telle qu’on la connaît aujourd’hui est une renaissance, le fruit du travail des historiens. Sur plus de cinq cents œuvres qu’on lui attribuait, trois siècles après sa mort, moins de cinquante étaient réellement autographes.  Documentaire de Jean-Michel Meurice, réalisé pour Arte, en 2015. Avec le concours de spécialistes du Caravage (Sybille Ebert-Schifferer, Michel Hilaire, ainsi que Michel Laclotte, ancien directeur du département du Louvre, qui raconte comment il identifia un Caravage parmi ses collections), Jean-Michel Meurice signe une évocation inspirée de la vie et de l’oeuvre du peintre. Filmant les ruelles et les paysages que le Caravage a contemplés jadis, il emprunte aussi quelques planches à la BD que Milo Manara a consacrée à ce dernier (le tome 1, La palette et l’épée, est paru l’an dernier chez Glénat). Si le film dissipe quelques mystères, dont celui de la mort du peintre, il met aussi savamment en scène les ombres qui entourent sa personnalité et son destin.