La lamproie n’est pas un poisson. C’est un vampire des mers à l’aspect anguilliforme. Elle migre des fleuves de la façade atlantique européenne aux grands larges de l’océan, pour revenir à l’âge adulte se reproduire dans le lit de sa rivière natale. Sommet de la gastronomie bordelaise, plat populaire au Portugal, elle est protégée en Europe et on cherche à l’éradiquer dans les Grands Lacs nord-américains. Ce fossile vivant, apparu voici plus de 500 millions d’années, présente une structure neuronale inchangée, similaire à celle de l’homme mais beaucoup moins complexe. Cela en fait, depuis Sigmund Freud, un sujet d’étude privilégié pour comprendre notre propre système nerveux. Aujourd’hui, à l’université de Chicago, des scientifiques relient les cerveaux de lamproies vivantes à des robots articulés, ouvrant des perspectives vertigineuses dans le champ de la bionique. Et chaque hiver, les pêcheurs de la Dordogne posent leurs «bourgnes» pour capturer ce «poisson» mythique aux évocations fantasmagoriques.