De la Bretagne aux Landes, de la Charente au Cantal, des hommes et des femmes ont fait le choix de bouleverser leur quotidien et leur vie familiale pour entrer en rébellion contre des “projets rouleaux compresseurs” de l’Etat. Pugnaces, ces néophytes de la résistance apprennent vite. Ils clament haut et fort leurs convictions, défendent bec et ongles leur région, leur hôpital ou leur école, mais surtout une certaine philosophie de la vie. Comme à Carhaix, petite ville de 8.000 habitants en Bretagne. L’agence régionale d’hospitalisation (ARH) a décidé de fermer la maternité et le service de chirurgie de l’hôpital, jugés pas assez rentables. Carhaix est enclavée au centre de la Bretagne, les hôpitaux les plus proches sont à une heure de route. Alors tout le personnel soignant, comme Marie-Laure, infirmière, partent au combat pour faire plier l’Etat. Ils sont soutenus par les habitants, tous unis derrière le maire, Christian Troadec. Une lutte de longue haleine avec manifestations, barricades et moyens du bord. Grâce à « l’entêtement Breton « , après plusieurs semaines de conflit, ils réussiront à sauver leur hôpital. Dans les Landes, la future autoroute A65 qui mettra Bordeaux à trois heures de Pau au lieu de deux actuellement, fait bondir un certain nombre d’habitants. Pour les opposants à sa construction, comme François, Yvonne et Valérie, la future A65 n’est pas une nécessité. à leurs yeux en plus des dégâts irréversibles sur la bio-diversité, elle ne sera pas rentable et elle ne représente qu’une vilaine cicatrice au beau milieu de la plus grande forêt d’Europe. Mais pour la plupart des élus de la région, cette future autoroute est un vecteur de développement économique. Et quant au respect de la nature, l’A65 est la toute première autoroute de l’après Grenelle de l’environnement. Une autoroute nouvelle génération, baptisée de ce curieux paradoxe : « autoroute verte « . A Brezons, petit village perdu du sud du Cantal, nous avions suivi il y a deux ans Jeannine, la secrétaire de mairie, qui avec les villageois avait résisté à la fermeture de l’école. Ils avaient gagné devant le tribunal administratif et pensaient que leur école était sauvée. Cette année, ils vont devoir lutter de nouveau car l’inspection académique propose une nouvelle fois l’école de Brezons à la fermeture. Notre équipe s’était aussi intéressée à la lutte des habitants de Chabanais, paisible village de la Charente Limousine. Pour Françoise, la pharmacienne, comme pour tous les habitants, la vie y était un enfer. 2.500 camions se croisaient quotidiennement dans la rue principale, effleurant les maisons et les piétons sur des trottoirs réduits à peau de chagrin. Après plusieurs années de lutte, ils avaient obtenu du ministère des transports la promesse de la construction d’une déviation. Nous sommes retournés à Chabanais pour voir si la promesse est devenue réalité.