Le procès de Germaine Berton demeure l’un des épisodes les plus singuliers de l’histoire politique et judiciaire de la France du début du XXᵉ siècle. Cette jeune femme de vingt ans, issue d’un milieu ouvrier et marquée par un engagement précoce dans le syndicalisme révolutionnaire, est entrée dans l’Histoire par un geste retentissant : l’assassinat, le 22 janvier 1923, de Marius Plateau, secrétaire de l’Action française, dans les locaux mêmes de ce mouvement monarchiste et nationaliste. Derrière ce geste se trouvait une volonté de venger Jean Jaurès, figure emblématique du socialisme et de la paix, dont l’assassinat en 1914 par Raoul Villain avait laissé dans les rangs ouvriers et pacifistes une plaie béante.