C’est un handicap qui touche un retraité sur trois. La presbyacousie est une surdité progressive liée à l’âge, pour laquelle n’existe ni médicaments ni opérations. Elle se manifeste d’abord par la perte des fréquences aiguës, ce sont les fréquences nécessaires pour bien comprendre le langage. Ainsi, les consonnes telles que les s, f, t, v, seront confondues, cela peut donner des quiproquos qui peuvent amener les gens à se renfermer sur eux-mêmes jusqu’à l’isolement. Notre capital auditif diminue naturellement à partir de nos 20 ans, avec une perte plus ou moins rapide selon nos prédispositions génétiques. Elle ne devient gênante que chez certaines personnes, on parle de presbyacousie précoce chez un adulte de 40 ans ou 50 ans qui aurait déjà des difficultés auditives, mais certains peuvent y échapper. Ainsi, à 90 ans, les gens peuvent encore entendre suffisamment pour ne pas avoir besoin d’appareil. C’est donc une pathologie qui peut se montrer très variable selon les individus

Comment fonctionne notre oreille ?

Pour comprendre la presbyacousie, il faut suivre les ondes sonores qui pénètrent dans notre oreille. Elles font vibrer le tympan et les trois osselets qui les transmettent de l’oreille interne vers la cochlée, ce tube en forme d’escargot qui est tapissé de cellules garnies de cils. Elle transforme les vibrations mécaniques en impulsions électriques qui remontent ensuite au cerveau par le nerf auditif. Chaque cellule ciliée correspond à une seule fréquence sonore. Les sons les plus aigus, jusqu’à 20 000 hertz, sont captés à l’entrée de la cochlée. C’est là que les dégâts surviennent en premier en vieillissant, mais aussi sous l’effet de son trop fort. Les cils se cassent, la fréquence sonore correspondante ne peut plus être perçue. Nous sommes exposés tous les jours à des bruits excessifs : marteau piqueur, musique, trafic, … Mais les bruits très forts ne sont pas seuls en cause : deux chercheurs de Harvard ont observé que des sons même plus faibles, mais de longue durée, détruisent le nerf auditif. On a cette vision du bruit fort qui est nocif, mais même du bruit continu et de faible intensité peut être nocif. Pour transformer l’énergie acoustique en des signaux électriques, les cellules ciliées utilisent de la chimie et lorsque cette chimie est épuisée, elles se trompent dans les « recettes » et finissent par sécréter des substances qui sont nocives pour le nerf et qui conduisent à une disparition des fibrates. Avec la presbyacousie, certaines fréquences disparaissent de l’oreille interne. C’est un peu comme si sur un clavier de piano, certaines touches disparaissaient. Si plusieurs notes manquent, une mélodie devient vite non reconnaissable et donc un discours devient non reconnaissable.

Un véritable phénomène de société

Le silence devrait être un droit, il est devenu un luxe et il se raréfie… Les dernières estimations de l’office fédéral de l’environnement sont éloquentes : plus d’un million de personnes sont exposées jour et nuit à des volumes sonores qui dépassent les limites légales. Le principal coupable, c’est le trafic routier. Si le bruit était un virus, les pouvoirs publics prendraient des mesures autrement plus musclées pour protéger le capital auditif de la population. Le plus logique reste d’en faire beaucoup plus pour protéger nos oreilles avant que le problème ne survienne. Il ne faut d’ailleurs jamais attendre qu’il y ait un problème avant de prendre des mesures. Ainsi, pourquoi dès maintenant passer un test auditif ? C’est une simple évaluation de l’audition qui permet d’établir s’il existe une perte et de situer le problème dans l’oreille. Pour commencer, on peut effectuer ce test à domicile avec des outils gratuits disponibles en ligne, comme par exemple le Phonak Test auditif. Les résultats donnent une première évaluation de l’audition voire même une alerte et peuvent inciter à soit faire dorénavant plus attention, soit consulter un spécialiste si les résultats ne sont pas satisfaisants.

Comment un appareil auditif peut-il aider ?

Notre oreille ne contient que 3 500 cellules ciliées internes, ainsi les cassées ne repoussent jamais. Le son correspondant est irrémédiablement perdu. Un appareil auditif ne peut donc pas le restituer, mais il peut compenser en amplifiant ou en diminuant les sons voisins. De nos jours, les technologies ont grandement évolué grâce à la science. Ainsi, les appareils auditifs possèdent des algorithmes qui aident à compenser efficacement les sons perdus. Par exemple en privilégiant la parole en éliminant au maximum les bruits de fond indésirables. Le rôle de l’audioprothésiste est également important. En effet, celui-ci règle et assemble plusieurs algorithmes. C’est une étape décisive, on peut même aider des personnes sourdes à 98 %. Beaucoup de personnes souffrant de presbyacousie estiment qu’il est indispensable de porter une aide. C’est vraiment ce qui permet d’être en contact avec le monde quotidien, avec la réalité, ce n’est pas juste des joujoux ou des gadgets qu’on place dans les oreilles. Il y a derrière une vraie démarche pour l’intégration de la personne souffrant de perte auditive. Chacun à droit à sa dignité.