Le 19 mars 2011, à 27 ans, le blogueur libyen Mohammed Nabous était abattu par les troupes de Kadhafi sur le point de reprendre la ville rebelle de Benghazi. Au moment de sa mort, Mohammed était en train de donner des nouvelles du front avec son portable. Une dernière fois. A deux heures près, Mohammed n’aura pas assisté au sauvetage de sa ville par les avions de la force internationale, lui qui avait tant œuvré, avec ses images choc et ses témoignages, à convaincre l’ONU qu’une population civile était en danger. Quelques jours après le début de l’insurrection du 17 février, le réalisateur Stéphane Bentura était aux côtés de Mohammed Nabous, suivant partout ce fils de bonne famille transcendé par « sa » l’information contre Kadhafi et ses médias de propagande. Un blogueur hors du commun que la mort, quasiment en direct, a transformé en icône de la révolution libyenne. En août dernier, au moment de la chute de Tripoli, l’équipe de journaliste est retournée en Benghazi : l’ancien blog Libye Libre de Mohammed Nabous était devenu une télévision d’Etat naissante, aux ordres du CNT, le Conseil national de transition à la tête de la Révolution. Jusqu’à Tripoli, où dans les ruines encore fumantes de la capitale, les nouveaux dirigeants très politiques de Libye Libre prennent possession des locaux de la chaîne privée de Seif Kadhafi, un des fils du dictateur. Une reprise en main au nom de Mohammed Nabous bien sûr.