L’art mystérieux de la préhistoire

Au cours d’une période allant de 25000 à 10000 ans avant notre ère, une effervescence artistique mémorable se manifeste en Europe, principalement en France. A cette époque, l’art sous ses différentes formes – peinture, dessin et sculpture – commence à être reconnu et apprécié.

C’est en 1864 qu’apparaît le premier témoignage artistique majeur de cette période : la découverte à Laugerie-Basse de la première statuette féminine, baptisée « Vénus impudique ». Depuis cette découverte inaugurale, plus d’une vingtaine de statues similaires, appelées les Vénus, ont été retrouvées. Chacune de ces œuvres, sculptées dans divers matériaux, est unique en son genre.

À Grimaldi, une Vénus appelée « le losange » a été taillée dans une pierre de stéatite verte. À Tursac, la statuette a été sculptée dans un galet de calcite, tandis que la Vénus à la corne a été réalisée en bas-relief. La Dame à la capuche, qui est la seule à montrer des traits faciaux, est quant à elle sculptée dans de l’ivoire.

Ces fascinantes Vénus préhistoriques, datant de 25000 à 20000 ans avant notre ère, ont pour point commun d’illustrer une femme aux formes généreuses, souvent avec un ventre arrondi, suggérant une possible représentation de la femme enceinte ou une célébration de la fécondité.

Au fil du temps, la représentation féminine perd son monopole en matière d’inspiration artistique, au profit de scènes de chasse et d’animaux, qui deviennent les principaux sujets des ornements des grottes.

Les peintures rupestres, témoignages énigmatiques d’un passé lointain

Lorsque les premières peintures rupestres sont découvertes en 1875, elles provoquent un grand scepticisme parmi les préhistoriens. Ces œuvres d’art paraissent inconcevables pour une époque associée à des êtres primaires et bestiaux.

Il faut attendre 1940, avec la découverte de la grotte de Lascaux, pour que les préhistoriens reconnaissent enfin le talent artistique de « l’homme des cavernes ». Aujourd’hui, les sites d’art rupestre fascinent autant les amateurs que les spécialistes, bien que de nombreuses questions demeurent sans réponse.

L’une des interrogations majeures concerne la localisation géographique des sites rupestres. La plupart d’entre eux se trouvent entre le sud-ouest de la France et le nord de l’Espagne et sont souvent relativement difficiles d’accès, nécessitant de traverser un enchevêtrement de boyaux.

Cela suggère que leur choix ne doit rien au hasard, mais les raisons précises de ces choix demeurent encore une énigme. Certains préhistoriens ont suggéré que les nombreux motifs animaliers présents – scènes de chasse ou de la vie quotidienne des animaux – pourraient être le reflet de rituels liés à la chasse.

La présence de dessins revêtant une dimension magique ou chamanique, comme « le sorcier » de la grotte des Trois-Frères, viendrait appuyer cette théorie.

Cependant, cette idée est mise à mal par le fait que les animaux les plus chassés – le cerf et le renne – ne sont pas les plus représentés. Au contraire, bisons et chevaux sont les espèces les plus fréquemment évoquées, accompagnées parfois par d’autres animaux tels que des aurochs, mammouths, phoques et pingouins à Cosquer, ou même une panthère tachetée à Chauvet.

De plus, pourquoi certaines scènes picturales se trouvent-elles placées en hauteur ou sur des plafonds, une installation qui a probablement nécessité l’utilisation de cordages ou d’échafaudages ?

Il est donc généralement admis que ces sites ont probablement eu une fonction rituelle ou sacrée, bien que nous n’en sachions pas plus à ce sujet. Par exemple, la présence d’un crâne d’ours, délibérément disposé sur une pierre à Chauvet, suggère l’existence d’un culte de l’ours, déjà pressenti chez les Néandertaliens.

De même, la significations des nombreux signes géométriques retrouvés dans les grottes – points alignés, traits, courbes, stries, triangles, cercles, arborescences, pentagones – demeure inconnue. De même, les nombreuses représentations humaines présentes dans ces grottes – silhouettes féminines, mains parfois mutilées, visages, personnages masqués ou des êtres hybrides mi-homme mi-animaux, tels que « le sorcier » des Trois-Frères – intriguent les chercheurs sans qu’ils aient encore réussi à en déchiffrer le sens.

Ainsi, malgré les avancées de la recherche préhistorique, l’énigme de l’art préhistorique reste pour une grande part irrésolue.