
Si Nelson a assuré la domination maritime de l’Angleterre, c’est bien à Wellington qu’elle doit l’affirmation de sa puissance sur la terre ferme.
Moins flamboyant que l’amiral victorieux de Trafalgar, Arthur Wellesley a pourtant marqué l’histoire européenne par son génie militaire et son sens politique dans un siècle tourmenté.
Résumé des points abordés
Une jeunesse façonnée par l’armée et les colonies
Né en 1769 à Dublin, au sein d’une famille anglo-irlandaise, le jeune Arthur se destine très tôt à la carrière militaire, conscient que la gloire et l’ascension sociale passent par les armes dans l’Empire britannique.
À peine adulte, il embarque pour l’Inde, terre de conflits et de conquêtes, en 1789, où il retrouve son frère aîné alors gouverneur général.
- L’Inde lui offre ses premières batailles et ses premières stratégies victorieuses
- Il y reste dix-sept années, observant, apprenant, consolidant son autorité
- Il comprend que la guerre ne se gagne pas seulement sur le terrain, mais aussi dans les coulisses du pouvoir
À son retour en Angleterre, il ne tarde pas à entrer en politique. Élu député, puis nommé secrétaire pour l’Irlande, il commence à tisser des liens solides entre l’armée et l’administration.
Le héros de la guerre d’Espagne
Lorsque la guerre d’Espagne éclate, le gouvernement britannique le choisit comme lieutenant général pour mener les opérations contre l’envahisseur français. Son quartier général est établi au Portugal, d’où il dirige une véritable guerre de harcèlement contre les forces napoléoniennes.
Wellesley se révèle redoutable :
- Il remporte la victoire à Torres-Vedras en consolidant une ligne de défense presque imprenable
- Il défait les troupes ennemies à Arapiles et écrase les Français à Vitoria
- Il affronte les meilleurs commandants de Napoléon : Masséna, Marmont, Jourdan
Son avance ne s’arrête pas à la frontière espagnole. Il pourchasse les armées françaises jusqu’à Toulouse, démontrant une persévérance militaire exceptionnelle.
L’ultime affrontement : Waterloo
Après sa brillante campagne dans la péninsule ibérique, Arthur Wellesley devient duc de Wellington, récompensé par un titre nobiliaire qui consacre ses exploits. Mais l’Histoire n’a pas encore fini de l’appeler.
En 1815, Napoléon, évadé de l’île d’Elbe, revient au pouvoir et menace l’équilibre européen. L’Angleterre, sans hésiter, lui déclare la guerre.
- L’alliance formée contre l’Empereur réunit l’Autriche, la Prusse, la Belgique, la Hollande et le Royaume-Uni
- Wellington est nommé commandant suprême d’une armée alliée de 93 000 hommes
- Il sait que la bataille à venir pourrait sceller le destin de l’Europe pour des décennies
À Waterloo, les combats sont acharnés. Les cavaliers de Ney et de Kellermann, la légendaire Vieille Garde de Cambronne, tout échoue face à la solidité des positions alliées. L’arrivée des Prussiens de Blücher met fin aux dernières résistances françaises.
L’homme d’État confronté à la politique intérieure
La défaite de Napoléon sonne la fin de l’Empire et place Wellington au sommet de sa carrière. À la conférence de paix, il siège aux côtés de Castlereagh et des souverains européens, couvert d’éloges et de décorations.
Mais c’est en Angleterre qu’il va désormais devoir démontrer ses talents. Nommé Premier ministre par George III, il fait face à une situation nationale explosive :
- Les ouvriers et paysans menacent de se soulever sous le poids des injustices
- Le Parlement se déchire entre conservateurs et libéraux
- Les catholiques irlandais exigent l’accès au pouvoir législatif
Wellington cède partiellement, signant l’Acte d’émancipation qui autorise les catholiques à siéger, mais refuse d’aller plus loin en matière de réforme parlementaire.
La chute politique et la fin d’une vie de gloire
Malgré ses efforts pour stabiliser le pays, le vent tourne contre lui. Isolé, critiqué de toutes parts, il est contraint de quitter le pouvoir en 1830. Ce revers, d’ordre politique, sera la seule véritable défaite de sa carrière, mais elle marquera la fin de son influence directe sur la nation.
- Il se retire dans ses terres, loin des intrigues londoniennes
- Il continue à siéger à la Chambre des Lords, mais sans jouer de rôle majeur
- Peu à peu, il regagne l’estime du peuple, grâce à son humilité et son patriotisme
En 1852, le duc de Wellington s’éteint, salué par toute l’Angleterre comme un héros national.
Conclusion : un homme, une époque, un empire
Arthur Wellesley, duc de Wellington, a incarné l’Angleterre impériale dans toute sa puissance. Stratège militaire hors pair, il a tenu tête à l’un des plus grands génies de l’histoire, Napoléon Bonaparte.
Mais au-delà de ses victoires, c’est sa résilience, son sens du devoir et sa capacité à incarner une certaine idée de l’honneur britannique qui ont forgé sa légende. Bien qu’il ait échoué en politique, son nom demeure gravé dans la mémoire collective comme l’artisan de la victoire à Waterloo et un pilier de l’ordre européen du XIXe siècle.
Son parcours illustre la complexité des héros, mêlant gloire éclatante et défaite silencieuse, mais toujours fidèle à un idéal de service et de droiture.