« Madame Benichou, on a eu le résultat de votre test. Vous portez le virus du COVID. Il ne faut pas rester dans le couloir, vous devez rentrer dans votre chambre. Sinon vous allez contaminer les autres résidents. » Anita Rossi, la directrice de l’EHPAD Furtado Heine, dans le 14ème arrondissement de Paris, est protégée de la tête aux pieds. Sa combinaison blanche et son masque lui donnent l’air de sortir d’un film de science-fiction. Nous sommes en mars 2020 et l’épidémie de COVID 19 frappe son établissement comme tant d’autres. Sur les 120 personnes âgées, 35 sont malades du virus et 8 en sont déjà décédées. La moitié du personnel est en arrêt et l’autre tente tant bien que mal de faire face à la catastrophe. Pendant trois mois, nous partageons le quotidien de cet EHPAD, de ses employés et de ses résidents. Tourné en immersion, ce film est une plongée intime au coeur de la bataille pour sauver des vies. Il nous raconte l’engagement sans faille de ces héros en blouse blanche, que la France applaudit tous les soirs en signe de reconnaissance. Il dit les émotions immenses que chacun traverse dans cette épreuve. La peur, bien sûr. Mais aussi le courage qui permet de tenir malgré la fatigue, la solidarité incroyable des équipes, le dévouement. Et au milieu de ce chaos infernal, alors que tous les résidents sont enfermés dans leur chambre et privés de visite, il y a la tendresse. Comme une ultime résistance pour donner toutes ses chances à la vie, les équipes continuent, dans le peu de temps qu’elles ont, de s’occuper de nos anciens avec une infinie bienveillance. Au final, « Vieillir enfermés » nous invite à prendre du recul et à regarder avec lucidité les conditions réelles de vie dans les EHPAD. Le COVID agit comme un révélateur et dévoile une réalité que nous ne voulions certainement pas voir : quand on ne meurt pas du virus dans les EHPAD, faute de personnel, on y meurt d’ennui.