Les Vénézuéliens vivent depuis plusieurs années une crise économique profonde : une pénurie d’aliments et de services de base, doublée d’une hyperinflation, qui a mené le gouvernement chaviste à enlever 14 zéros à sa monnaie, le Bolivar, depuis 2008. Mais cette crise humanitaire et l’attitude d’un gouvernement qui veut en cacher les conséquences a fait une autre victime: la liberté d’expression et d’information. Le gouvernement de Nicolás Maduro s’est toujours acharné à maintenir les apparences : « La Révolution avance », « L’esprit d’Hugo Chávez vaincra… Pas facile, dans ce paysage, d’être un média indépendant. Depuis 2004, plus de 200 médias ont disparu faute de moyens ou victimes du harcèlement du gouvernement : blocage des sites Internet, menaces publiques ou judiciaires… allant même jusqu’à accaparer les réserves de papier journal, et du même coup, en priver les journaux qui refusaient d’aligner leur ligne éditoriale sur celle du pouvoir. De plus, à cause des pénuries d’électricité et du manque de liquidités, trois Vénézuéliens sur cinq n’ont pas de téléphone portable fonctionnel. Le Vénézuela s’est peu à peu transformé en désert d’information… C’est dans ce contexte que de jeunes journalistes, professionnels et étudiants, ont fondé BUS TV. Leur but : reconquérir le terrain de la liberté d’information… dans les rues. Avec tous les moyens de ceux qui n’en ont pas : affiches informatives écrites à la main et collées sur les murs des villes, journaux télé improvisés dans les transports en commun… Parce que pour eux, le droit à l’information ne doit pas s’éclipser devant les autres urgences de la vie quotidienne : l’eau courante, l’électricité, les carburants qui continuent de manquer. Avec leur réseau de 90 journalistes répartis dans les principales villes du pays, ces crieurs de rue d’un nouveau genre rassemblent des informations qui ne sortent jamais par les canaux d’État : le coût de la vie qui a flambé, l’émigration de plus de 5 millions d’habitants pour fuir la misère. Un retour vers la préhistoire du journalisme, pour déjouer les pièges de la censure. Documentaire disponible jusqu’au 30/11/2024.