À regarder l’œuvre colossal de Michel-Ange, sculpteur, peintre, et architecte enfin, mais seulement à l’heure tardive où il se sent en possession définitive de l’art, l’auteur des Tombeaux des Médicis, de la Chapelle Sixtine et du Dôme de Saint-Pierre apparaît hautement comme le plus grand créateur d’art des temps modernes. Ayant reçu de la beauté antique une révélation de l’art, il donne à cet art une forme nouvelle et à la suite de la formule plastique des anciens il trouve la formule humaine des modernes.  Michel-Ange, sûr de lui-même, produit son œuvre jour à jour en suivant le développement de sa vie et le déroulement de la passion humaine, parti de la jeunesse du David et du charme de l’Adonis mourant pour arriver aux sensations extrêmes du Moïse et des Prophètes de la Sixtine; d’une maîtrise d’ailleurs qui devait être sans élèves, trop personnelle pour être un enseignement et qui ne devait produire en leurs excès impuissants que des Montelupo et des Volterre.