La pièce est exiguë. Un grand lit trône au milieu de cette minuscule chambre. Les draps froissés sont en désordre. On devine encore la silhouette de celui ou de celle qui y dormait. Une lampe de chevet est à terre. Le contenu d’un sac à main est répandu au pied d’une armoire. Entre la fenêtre et le rebord du lit, le corps d’une jeune femme gît face contre terre. Une grosse tache de sang s’est écoulée au niveau de sa tête. Une demi-douzaine de policiers sont sur place depuis quelques minutes. Tout est organisé pour ne pas contaminer la scène de crime. Le photographe des services de police mitraille la pièce. Plans d’ensemble, plans moyens, puis gros plans du corps. Tout doit être pris en photo. Un détail, un indice consigné sur la pellicule sera peut-être crucial pour le développement de l’enquête. Les clichés serviront aussi lors du procès pour montrer aux jurés ce qui s’est passé cette nuit-là, pour les aider à imaginer le drame qui a eu lieu. L’accusé, les témoins et experts devront peut-être commenter certaines de ces prises de vue. Elles sont, par ailleurs, souvent utilisées par les avocats pour illustrer de la violence du crime. Ces photographes d’un genre atypique sont des acteurs à part entière de l’enquête criminelle. La scène de crime étant éphémère, ils n’ont pas droit à l’erreur. La qualité de l’investigation dépend en partie de la précision de leur travail. Au quotidien, ils côtoient et regardent la mort dans l’œil de leurs objectifs. Tous ont en commun une grande force de caractère et une ferme volonté de voir la justice être rendue.