Armées d’une caméra vidéo, les femmes d’une communauté rurale d’Iran prennent leur destin en main et bouleversent la vie de leur village. La douce chronique d’une émancipation par l’image.  À Shafie Abad, un village de la province désertique de Kerman, au sud-est de l’Iran, des femmes se réunissent autour d’un atelier vidéo et filment la vie comme elle va, révolutionnant peu à peu l’ordre de leur communauté rurale, traditionnelle et pieuse. Peu à peu, ces audacieuses, armées d’une caméra, elles-mêmes filmées, s’affranchissent, tandis que les hommes, hostiles, inquiets ou désemparés, observent leur émancipation. L’expérience stimule aussi le désir d’agir de ces femmes, qui s’organisent en même temps en dynamique coopérative de tisserandes, et exploitent le potentiel touristique du caravansérail, dont s’enorgueillit le village. Mieux, à la faveur de la vente à Téhéran des tissages qu’elles ont réalisés, l’argent collecté par la coopérative permet d’acheter un treuil électrique pour la pompe à eau de la communauté. Les vidéastes ont réussi là où les hommes avaient échoué : l’eau, source de vie, coule à nouveau et la terre retrouve sa fertilité.  Avec une discrète délicatesse, Hamed Zolfaghari accompagne la douce révolution par l’image de ces femmes, qui documentent le quotidien de leur communauté. Au fil des jours, le regard s’affirme, le verbe et les corps se libèrent, avec un goût de victoire tranquille lors de la projection devant les villageois éblouis. Sous le brûlant soleil du désert, la chronique d’une conquête de droits, filmée en cinéma direct, qui montre aussi combien l’image peut se révéler vecteur de lien et instrument de pouvoir, précieux ici pour appuyer les aspirations à l’égalité des sexes. Documentaire de Hamed Zolfaghari disponible jusqu’au 10/05/2021