La demande croissante de fruits et légumes à l’échelle européenne soulève de plus en plus d’inquiétudes autour de la gestion de l’eau en Espagne. Un conflit opposant des acteurs du tourisme et de l’agriculture s’est enflammé autour du Tage, le plus grand fleuve de la péninsule ibérique, considéré comme le « potager de l’Europe ».

Diverses provinces espagnoles se battent pour l’eau du Tage. Les intérêts des agriculteurs au sud du pays et des acteurs touristiques au nord sont inconciliables. À la clé, un conflit qui a des répercussions directes sur l’approvisionnement de l’Europe en fruits et légumes.

Il y a quelques décennies, des retenues avaient été érigées sur le cours supérieur du fleuve, près de Madrid. Depuis, des aqueducs transportent cette précieuse ressource sur plusieurs centaines de kilomètres, jusqu’à Murcie. Ces transferts d’eau ont permis le développement de l’agriculture intensive dans le sud de l’Espagne. Or, le gouvernement veut limiter les prélèvements dans le Tage.

Ricardo Ortega loue des bateaux de plaisance au lac de barrage d’Entrepeñas sur le Tage. Il se félicite de cette décision, car son activité a pâti de la baisse du niveau des eaux ces dernières années. La zone entourant la petite ville d’El Mirador en Murcie est surnommée le « potager de l’Europe ». À juste titre, puisque des chaînes de supermarchés de tout le continent s’y approvisionnent à bas prix en fruits et légumes frais. Ainsi, près de 50 % des melons, poivrons et salades, et 80 % des oranges importés en Allemagne proviennent d’Espagne. Juan Francisco Madrid Nieto prépare les semis avec son père. À 22 ans, le jeune homme s’apprête à prendre la tête de l’entreprise familiale. Mais il ne sait pas pour combien de temps, car si le volume de l’eau détourné du Tage est réduit, il risque de devoir vendre l’exploitation à une multinationale…

Reportage (Allemagne, 2022, 32mn)
Disponible jusqu’au 20/09/2024