À la fin du Moyen Âge, la figure du serf occupe dans l’imaginaire collectif une place paradoxale, oscillant entre souvenir d’un ordre féodal en voie de disparition et symbole persistant d’un monde régi par des liens de dépendance personnelle. Les représentations de cette figure ne correspondent plus toujours à la réalité sociale du XVe siècle, car le servage, dans de nombreuses régions d’Europe occidentale, tend alors à reculer, remplacé par d’autres formes de tenures paysannes. Pourtant, dans les récits littéraires, les chroniques, les sermons et même dans la culture visuelle, le serf continue d’incarner l’archétype du paysan assujetti, héritier d’une condition fixée par la naissance, marqué par l’absence de liberté juridique et l’obligation de servir un seigneur.