Entre pulsations des rues de Kingston, fertilité de la Terre Mère et sensuelle spiritualité, une immersion en Jamaïque d’où émerge, en un hypnotique montage, un portrait amoureux des voix et des visages de l’île.

Comment filmer l’âme d’un pays, ses lignes de force et ses blessures, ses rêves et sa secrète fantaisie ? Originaire de la Jamaïque, Khalik Allah, photographe réputé de la street culture, parvient en un étourdissant collage d’images et de sons à capter au plus intime les pulsations de l’île caribéenne. Entrelaçant en orfèvre les voix et les visages, ceux d’hommes en proie aux difficultés, de femmes vaillantes, de prostituées de Kingston et de leurs clients ou encore celui, d’une impériale humilité, de son grand-père, ecclésiastique éminent, le cinéaste remonte le cours des origines pour sonder les identités, les représentations et les (af)filiations. De la résistance des Noirs marrons à la foisonnante créativité des habitants, empreinte de spiritualité, le film file avec brio la métaphore de la maternité, au rythme des trois trimestres de la grossesse, entre figures féminines charismatiques et fertilité de la Terre Mère. Avec, au cœur du récit, l’eau omniprésente, comme une célébration de la naissance et de la vie.

Les possibilités d’une île

Pour cette chronique amoureuse de la Jamaïque, perception éclairée de son peuple en même temps que réflexion passionnée sur les enjeux historiques et politiques qui la traversent, le cinéaste mêle divers formats de vidéo, couleur et noir et blanc, incluant des séquences de 8 et 16 millimètres qu’il avait tournées à l’adolescence. Un poème visuel hypnotique, qui alterne immersion dans le quotidien et divagation onirique, pour esquisser, en un beau portrait, les « possibilités d’une île ».

Documentaire de Khalik Allah (Etats-Unis, 2019, 1h14mn)
Disponible jusqu’au 16/11/2023