Les machines ont envahi notre quotidien. Nous ne réalisons pas à quel point elles nous rendent dépendants d’elles, façonnant jusqu’à nos comportements, notre pensée. Ces outils étaient censés nous faire gagner du temps, nous rendre plus efficaces et nous libérer en facilitant la communication dans une société en flux permanents. Mais depuis une décennie, un malaise parcourt nos sociétés. Des scientifiques, des philosophes et des activistes anti-technologies lancent l’alerte contre la marche accélérée du progrès technoscientifique en ce début de siècle, alors que la politique peine à délivrer une vision clairvoyante de l’avenir sur une planète en crise économique et morale. Prothèse bionique, intelligence artificielle ou robots de plus en plus autonomes, des neurosciences aux nanotechnologies en passant par la biologie moléculaire et la génétique, les recherches à fins médicales ou militaires nous font rentrer dans une nouvelle ère. Baptisé « transhumanisme », un nouveau courant de pensée qui s’est répandu aux Etats-Unis, en Asie et en Europe, postule que les techno-sciences sont désormais capables de modifier fondamentalement les capacités physiques et mentales de l’espèce humaine, voire de créer de nouvelles formes de vie artificielles ou hybrides, déjà nommées «posthumaines». Nous prépare-t-on un champ de réinvention extraordinaire de nos corps et de nos vies, ou bien de nouvelles chaînes qui conduiront à notre mise en conformité progressive ? Enquête sur ce monde en genèse à la croisée des technosciences, de la philosophie et de la politique, dont les enjeux nous concernent tous, ici et maintenant. Un documentaire de Philippe Borrel, produit par Fabienne Servan Schreiber et Estelle Mauriac (Cinétévé / Arte)