De la tragédie de l’enfance à l’apaisement des dernières années, de « Certains l’aiment chaud » à « Amicalement vôtre », un voyage intime avec Tony Curtis (1925-2010), l’un des premiers sex-symbols masculins d’Hollywood. Dès son plus jeune âge, sur le pavé du Bronx, Tony Curtis, né Bernard Schwartz, a misé sur son charme et son énergie pour échapper aux naufrages de son enfance : une famille d’émigrés juifs hongrois engluée dans la misère, une mère schizophrène qui le bat, un petit frère renversé par un camion. Engagé volontaire dans la marine pour combattre le nazisme, ce mordu de cinéma apprend après la guerre les rudiments du métier d’acteur. Repéré par Universal, il échappe assez vite à l’anonymat du menu fretin des studios, marigot impitoyable éclairé par une brève liaison avec la starlette Marilyn Monroe. En 1951, son mariage avec Janet Leigh, l’une des stars de la MGM, lui permet d’accéder à de vrais rôles de composition (Trapèze, puis Le grand chantage). S’il se prête aux diktats de la célébrité, il n’hésite pas à afficher son combat contre la ségrégation (La chaîne, avec Sidney Poitier) ou à défendre l’ambiguïté sexuelle d’un rôle (Spartacus). Et son irrésistible prestation dans Certains l’aiment chaud (1959), aux côtés de Jack Lemmon et de Marilyn, est entrée au panthéon du septième art.
À ces années flamboyantes succède un long déclin. Même s’il tourne encore quelques grands films (Le dernier nabab) et savoure un immense succès de télévision avec Amicalement vôtre, Tony Curtis est rattrapé par les fantômes de l’enfance. Avant de trouver, sur le tard, une forme de sérénité. C’est en paisible retraité qu’il témoigne dans ce film tourné peu avant sa mort, en 2010. Entre ombre et lumière, archives et témoignages (Debbie Reynolds, Harry Belafonte…), un voyage intime avec l’une des dernières icônes de l’âge d’or hollywoodien. Documentaire de Ian Ayres.