Grâce à la prévention, le nombre de fumeurs diminue en Suisse, sauf chez les jeunes. L’industrie du tabac met le paquet pour séduire cette classe d’âge stratégique.

Les cigarettiers savent aussi très bien convaincre certains politiques de défendre leurs intérêts à Berne, où un projet de loi sur le tabac a été bloqué pour au moins deux ans. Pourtant il y a urgence. Avec 9500 morts par année, le tabac tue en Suisse bien plus que les accidents de la route, la drogue, les homicides et les suicides réunis.

En marge de la journée mondiale sans tabac, 36,9° braque ses projecteurs sur le tabagisme chez les jeunes. Pour mémoire, le Parlement débattait – en décembre dernier – d’un projet de loi sur les produits du tabac. Il prévoyait d’interdire la vente au moins de 18 ans, de réglementer les nouveaux produits et de restreindre la publicité. Le Conseil des Etats a renvoyé à Alain Berset ses propositions visant à prévenir contre les méfaits du tabagisme. Le conseil fédéral doit dès lors préparer une nouvelle loi. « La majorité des personnes qui fument dans notre pays a commencé à fumer avant l’âge de 18 ans », rappelait ce dernier.

La Suisse ne peut donc toujours pas ratifier la convention pour la lutte antitabac de l’Organisation mondiale de la santé, pourtant signée en 2004. Ce texte attaque de front les intérêts de l’industrie du tabac : il a déjà été ratifié par 168 nations, dont tous les pays d’Europe sauf notre pays ! Les 15-24 ans continuent ainsi d’être la principale cible visée par le marketing offensif de l’industrie du tabac. L’émission en éclaire la stratégie et les pratiques : matraquage publicitaire dans les kiosques, démarchage sur les terrasses, parrainage de festivals branchés… Elle donne également la parole à de très jeunes fumeurs. Les cigarettiers, eux, ont décliné toutes les demandes d’interviews…

Un reportage de Fabienne Clément, Micaela Mumenthaler et Alain Orange.