Symbole du dévoiement de la justice sous le Troisième Reich, Roland Freisler s’imposa comme un juge cynique et machiavélique, orfèvre des procès truqués et surtout comme un serviteur infaillible de la machine de mort nazie. A première vue, pourtant, le président du Tribunal du peuple n’avait rien en commun avec les personnages médiocres qui entouraient le Führer. Magistrat réputé, brillant orateur, excellent «comédien», il avait les moyens de se distancier, au moins intellectuellement, de la grossière doctrine hitlérienne. Le moins que l’on puisse dire est qu’il n’en a pas profité. Bien qu’il soit mort avant la fin de la guerre, le tribunal de Nuremberg tint à inscrire son nom sur la liste des coupables.