Rares sont les villes qui incarnent aussi bien que Bangalore la mondialisation et ses effets.
Ancienne petite cité de garnison pendant la colonisation britannique, elle s’est imposée en l’espace de 20 ans, comme capitale mondiale des services informatiques, vitrine d’une Inde rayonnante. L’histoire commence dans les années 90, lorsque Bangalore fait le pari de la sous-traitance informatique auprès des sociétés Occidentales, grâce à l’irruption des nouvelles technologies dans l’économie mondiale. Pari réussi : désormais, les géants indiens y côtoient les plus grandes multinationales, qui ont choisi d’y délocaliser une partie de leurs activités, attiré par une main d’oeuvre qualifiée, anglophone et bon marché. Dans ce pays ou la population est très jeune, aucun secteur n’offre autant d’opportunités. Un succès tel que chaque année, des dizaines de milliers de jeunes Indiens y accourent des 4 coins du pays, fiers de voir leur pays aux avant-postes de la mondialisation et de pouvoir accéder à des niveaux de vie dont n’auraient pas osé rêver leurs parents. Pour les femmes, Bangalore incarne la possibilité d’une réelle émancipation. Mais à quel prix ? Car la transition a été brutale et a chamboulé tous les repères de la société indienne, notamment la structure traditionnelle familiale. Aucune génération n’est épargnée pas même les plus âgés. A Bangalore, ou la valeur « travail » semble dominer toutes les autres, ou l’individualisme prend petit à petit le pas sur le collectif, l’échec n’est pas permis. C’est ainsi que la Silicon Valley indienne s’est attirée un nouveau surnom : Capitale du suicide. Aujourd’hui, chefs d’entreprises, jeunes, psychiatres commencent à prendre conscience du problème. Et Bangalore, lasse d’être un centre de ressources à bas coûts pour pays Occidentaux, cherche à se renouveler. Un documentaire Un documentaire réalisé par Florence Morice.