Comment l’Azerbaïdjan a corrompu des parlementaires européens pour s’acheter une respectabilité internationale. Une enquête édifiante dans les sombres arcanes de la « diplomatie du caviar ». Depuis quelques années, d’anciennes Républiques soviétiques d’Asie centrale et du pourtour de la mer Caspienne s’emploient à corrompre le cœur des institutions démocratiques européennes. Leur méthode : s’acheter des alliés pour blanchir leur image à l’international, au mépris des droits de l’homme, et continuer à enrichir leurs dirigeants, autocrates saisis par la folie des grandeurs. Journaliste d’investigation azerbaïdjanaise, Khadija Ismayilova, emprisonnée pendant dix-sept mois, n’a cessé de dénoncer la corruption dans son pays et le détournement systémique des ressources par le président Ilham Aliyev et sa famille, parfois comparés au clan Corleone. Organisation d’événements prestigieux Eurovision, finale de la Ligue Europa de football, Jeux européens…, invitations de stars, dont Lady Gaga et Jennifer Lopez, et généreux cadeaux à des politiciens occidentaux… : en quête de respectabilité, Bakou est passé maître dans cette « diplomatie du caviar ». Cette stratégie a même valu à l’Azerbaïdjan d’obtenir, en 2013, le rejet par le Conseil de l’Europe de la résolution liée au rapport Christoph Strässer, qui alertait sur la détention de prisonniers politiques dans le pays. Dans les pas de Gerald Knaus, fondateur d’European Stability Initiative, une ONG basée à Berlin, cette édifiante enquête plonge dans les sombres arcanes de la « caviar connection » et retrace, parallèlement, le combat courageux de Khadija Ismayilova. Journaliste d’investigation roumain spécialisé dans le crime organisé, Paul Radu, lui, raconte comment la presse tente de mutualiser ses ressources pour lutter contre les dérives de ces régimes, de l’Azerbaïdjan au Kazakhstan en passant par le Turkménistan. Grâce à ce travail et aux témoignages de dissidents, tel Emin Huseynov, réfugié en Suisse et contraint de se déguiser pour fuir son pays, un second rapport critique sur l’Azerbaïdjan a été adopté au Conseil de l’Europe et, en mars dernier, trente-huit détenus politiques ont été relâchés. Dans les pays voisins, la répression continue. À la suite de cet immense scandale, quatorze membres du Conseil de l’Europe ont aussi été exclus à vie. Mais la facilité avec laquelle Bakou a acheté des élus européens met surtout au jour l’effarante vulnérabilité de nos démocraties. Documentaire de Benoît Bringer et Laurent Richard disponible jusqu’au 04/12/2021.