Entre la science et les rêves, plongée dans les écrits et la vie de deux grands amoureux des pierres, André Breton et Roger Caillois. Si André Breton et Roger Caillois, tous deux fascinés par le pouvoir des pierres sur l’imagination, furent l’un et l’autre deux grands collectionneurs, passionnés de minéralogie, il est de coutume de les opposer depuis le célèbre épisode des haricots sauteurs (1934) : au premier le culte artiste des merveilles de la nature, au second le champ de l’investigation savante et la rigueur du système. Au jeu des différences, il est sans doute facile de s’amuser, en comparant par exemple les pierres du « Mur de l’atelier » du poète — version moderne du cabinet de curiosités aujourd’hui exposée au Centre Pompidou — à celles du cabinet nettement ordonnancé de l’académicien ou en opposant quelque formule lapidaire, de l’un ou de l’autre : archives sans texte « qui ne donne[nt] rien à lire » pour Caillois, les pierres sont au contraire le lieu « des lueurs et des signes » pour Breton. Il n’est pourtant pas anodin que le poète et l’écrivain aient été une première fois réunis dans le surréalisme et une seconde fois, à la fin de leur vie, dans leur fascination commune pour les pierres, en particulier les quartz et les agates. L’ambition est de faire entendre ici la langue des pierres telle que surent la saisir les deux hommes, entre la science et le rêve.