En 1941, les nazis transforment Vilna – aujourd’hui Vilnius – en centre de tri. Volés dans des bibliothèques, des musées et des synagogues dans les pays Baltes, en Pologne ou en Russie, des centaines de milliers d’ouvrages témoignant de la culture juive vont parvenir par camions entiers jusqu’à la « Jérusalem de Lituanie ». Les plus rares ont vocation à alimenter la collection de l’Institut de recherche judaïque et hébraïque créé à Francfort par Alfred Rosenberg, l’idéologue du national-socialisme. Ceux jugés mineurs sont promis à la destruction. Chargés par l’occupant de conduire les opérations de tri, deux représentants de la communauté juive, Herman Kruk, un militant du Bund (le parti ouvrier juif), et Zelig Kalmanovitch, un linguiste, réunissent une quarantaine d’universitaires et d’écrivains, parmi lesquels les poètes Shmerke Kaczerginski et Avrom Sutzkever – ce dernier témoignera des atrocités nazies au procès de Nuremberg. Sans illusion sur leur sort, les membres de cette « brigade des papiers » entrent en résistance. Ils subtilisent par dizaines des livres anciens, des manuscrits et des ouvrages religieux, en yiddish et en hébreu, qu’ils cachent avec leur production personnelle (journaux intimes, photos…) dans le ghetto où ils sont confinés. Lorsque l’Armée rouge libère la ville en juillet 1944, seuls quelques-uns ont survécu. Mais le sauvetage de tout ce qui, grâce à eux, a échappé à la destruction est pourtant encore loin d’être assuré… Du temps du ghetto à celui de l’après-guerre, des bibliothèques de Vilnius à celles du Yivo, l’Institut pour la recherche juive à New York, de Tel-Aviv à Moscou, Diane Perelszstejn retrace la lutte clandestine de cette armée des ombres pour préserver de précieux documents. Nourri d’émouvantes archives, d’éclairages d’historiens et de proches, un captivant récit. Documentaire de Diane Perelsztejn disponible jusqu’au 20/02/2020.