Naufragée dans une tempête de violence, la nation haïtienne sombre. A l’ordre défaillant de l’Etat s’est substitué l’impitoyable règne des gangs. Les lynchages publics se multiplient de la part d’une population déboussolée par la disparition de l’Etat de droit.

Dans ce marasme généralisé, une jeunesse littéraire résiste. Litainé Laguerre, jeune poète nous fait le récit d’un pays qui va mal mais qui continue à espérer. « L’espoir, c’est savoir que demain existe » nous dit-il. Au Sud de Port au Prince, de jeunes bandits, inféodés au plus grand gang régional, tuent policiers et civils pour un coin de rue et la possibilité d’établir demain une station de racket qui appauvrira plus encore une population esseulée par trois années d’effondrement institutionnel.
Face à eux, des policiers réguliers et d’autres gangs, formés justement par des membres des forces de l’ordre, n’hésitant pas eux aussi à racketter les citoyens. Pris au piège d’une police aussi prédatrice que les bandits qu’elle combat, la population n’a d’autre choix que de fuir ou de basculer, elle même dans la guerre. Certains dans le peuple sont résolus à faire justice eux-mêmes. Chaque jour, des enfants croisent dans la rue des corps calcines. Lapidés, brûlés vifs après des jugements express, ces présumés membres de gangs ou petits voleurs paient pour les autres.
Malgré toute cette violence, la jeunesse intellectuelle refuse de quitter Haïti. Elle résiste par les mots et invente une prose venue des tréfonds des bidonvilles. Eux que jamais le gouvernement n’a daigné protéger, eux qui vivent la peur au ventre et « avec la balle », cette balle perdue qui chaque jour peut les atteindre veulent croire que les temps présents ne sont qu’une mauvaise passe.

Disponible jusqu’au 04/01/2027