Parce qu’il a bien compris la capacité fédératrice de l’Église orthodoxe russe, Vladimir Poutine l’instrumentalise pour asseoir son emprise sur la société et consolider sa politique étrangère. Foi mode d’emploi. La cathédrale au dôme doré, bâtie au pied de la tour Eiffel, est l’une de ses démonstrations de puissance. À la tête de cent millions de croyants, Kirill, seizième patriarche orthodoxe de Moscou et de toute la Russie, est l’un des dix hommes les plus influents du pays. Cet ambitieux patriarche, qui a assis son pouvoir face à d’autres églises plus anciennes mais moins dynamiques, assume désormais un rôle central dans l’organisation de la société russe et dans la politique, intérieure comme extérieure, de Vladimir Poutine. Chaque année, toute la classe politique se presse dans sa cathédrale moscovite pour y écouter son discours réactionnaire, ultraconservateur, critique du recul des valeurs morales dans un monde qu’il voit menacé par le libéralisme occidental. Son but ? Restaurer la Sainte-Russie, où tsar et patriarche avançaient main dans la main. Ce qui n’est pas pour déplaire à Vladimir Poutine qui, ayant vite compris le potentiel fédérateur de Kirill et de l’Église orthodoxe, s’est employé à redresser l’institution, moribonde lors de son accession au pouvoir. Le patriarche, lui, entend faire reculer la sécularisation de la société, devenue peu pratiquante. Soucieux d’étendre encore son emprise sur la société russe, Poutine porte désormais sa foi en étendard. Documentaire d’Alice Cohen, disponible jusqu’au 20 juin 2021