Comment construire son identité quand on est un Australien aborigène, pris entre deux cultures ? Un lumineux témoignage, à hauteur d’enfant. « Ce que je veux, c’est une vie normale où je puisse être moi, être un Aborigène », résume Dujuan, 10 ans, de la communauté autochtone Arrernte, établie dans le centre de l’Australie. Doté de pouvoirs de guérisseur, le garçon sait chasser et parle trois langues. Mais malgré ses aptitudes, il est en échec à l’école occidentale. Sa famille, qui souhaite qu’il maîtrise la culture de ses origines en plus de suivre un cursus scolaire classique, s’inquiète de se le voir retirer par les services sociaux. Car en Australie, les enfants peuvent, dès l’âge de 10 ans, quitter l’école, leurs proches et aller en prison. Cette situation concerne en majorité les mineurs aborigènes qui auraient, selon un rapport d’Amnesty International, vingt-six fois plus de risques d’être incarcérés que les autres. Né d’une collaboration entre la documentariste Maya Newell et la famille de Dujuan, créditée comme coréalisatrice, ce documentaire frappe par son empathie et son humanité. La cinéaste filme à hauteur d’enfant ce jeune Aborigène en colère, qui grandit entre deux mondes que tout oppose. Face à la caméra, il exprime avec spontanéité son désir de justice : « Quand je serai adulte, je me battrai pour les droits des Noirs », assure-t-il. À mesure que le récit progresse, on réalise sa difficulté à trouver sa place entre deux cultures – comme lorsque, à l’école, ses professeurs lui enseignent une vision ethnocentrée de l’histoire australienne. Avec ce film, la réalisatrice parvient à capturer un émouvant témoignage et à montrer les pratiques coloniales encore à l’œuvre. Documentaire de Maya Newell disponible jusqu’au 02/07/2021.