« C’est à plus de cinquante ans que je retrouve Magyd. Donc, j’ai été le traitre, j’étais le français, j’ai été le boeuf en daube parce que j’étais grassouillet, j’étais Zebda, j’étais chemise… Par exemple, moi, on me dit souvent VOUS parce que je suis intégré à des groupes… Vous les Motivé(e)s, vous les quartiers, vous les Beurs ! Il y a un moment où je me suis dit qu’il va falloir aller plus loin, que j’accède au JE, être interpellé dans mon intimité : moi c’est Magyd ». Chez lui, à Toulouse, Magyd Cherfi se confie, se livre, s’ouvre et nous interpelle. Moments uniques, moments intimes avec celui qui ose avouer avoir fait des choses, d’abord, pour les autres… Pour être aimé ? Pour être accepté ? Ou bien, finalement pour se perdre et mieux se retrouver ? Comme une bouteille de champagne trop secouée, le bouchon a fini par sauter sans prévenir, dans un bruit assourdissant que personne n’a semblé, un temps, entendre. Comme une cocote minute qui siffle trop fort d’avoir retenue, trop longtemps, ses désirs, ses aspirations. Comme le sentiment de s’assumer en solo, donc d’oser son individualité avec ses paradoxes, ses contradictions… Comme un tiraillement qui n’en peut plus, comme un amalgame qui ne prend plus. Des Victoires de la Musique en 2000 avec Zebda jusqu’à la sortie de son troisième roman en lice pour le prix Goncourt, en passant par les tragiques attentats parisiens de novembre 2015, Magyd Cherfi se livre, dans ce film, comme jamais il ne l’a fait auparavant, avec des témoignages forts de son entourage proche. Un documentaire de Rachid Oujdi