À Dakar, l’amitié troublante entre la réalisatrice Khady Sylla et Aminta, deux femmes en proie à la dépression ou à la folie. Un saisissant portrait en miroir, tentative d’exprimer un indicible désespoir. En 1994, lors du tournage d’un film sur les fous errants de Dakar, Khady Sylla filme Aminta Ngom, jeune femme délirante marchant à la dérive dans les rues. Malheureusement, les images sont surexposées. Treize ans plus tard, la réalisatrice retrouve son amie, enfermée dans la cour familiale. Entre-temps, Khady a elle-même sombré dans une grave dépression. Elle a connu le désespoir et la douleur intérieure. Une souffrance qu’elle a d’abord essayé d’exprimer par l’écrit, puis par le présent portrait en miroir d’Aminta et d’elle-même.De l’autre côté du miroirKhady et Aminta, assises l’une à côté de l’autre dans la cour familiale, échangent des mots, partagent des silences. Khady sourit puis se referme aussitôt. Parfois, Aminta sort de sa torpeur et se met en colère : elle s’exprime soudain de manière désordonnée et intense, parle de la mort de sa fille aînée, de l’emprisonnement imposé par sa mère. Tout à coup, elle repousse la caméra et refuse de continuer le film… Portrait/autoportrait éprouvant, magnifique, qui entre au cœur de la folie, de la solitude et de la douleur indicible, ce documentaire s’impose comme un acte de résistance : « Créer ou s’anéantir », comme l’écrit Khady sur le tableau noir. Tel un cri coincé au fond de la gorge qui n’a pourtant pas perdu l’espoir de sortir. Saisissant. Documentaire disponible jusqu’au 31/05/2021.