Un esprit influent : Sigmund Freud

Sigmund Freud, le fondateur de la psychanalyse, a joué un rôle majeur dans le façonnement de la pensée intellectuelle de son époque, malgré les débats fréquents autour de ses idées.

Les débuts à Vienne

Né à Freiberg, en Moravie, le 6 mai 1856, Sigmund n’était qu’un jeune enfant lorsque son père, un commerçant de tissus, a dû affronter une crise financière. Après avoir perdu tous leurs biens, les Freud se sont installés à Vienne en 1860.

En dépit de son malaise dans la « grande ville », Sigmund excelle dans ses études. Il obtient son baccalauréat à 17 ans et s’engage, sans grand enthousiasme, dans des études de médecine. Sa décision d’entrer à l’école de médecine de Vienne est plus motivée par sa curiosité intellectuelle que par un désir de guérir. Il est surtout attiré par l’étude des relations humaines.

En 1876, il rejoint le laboratoire de Ernst Wilhelm Brücke, où il débute une carrière prometteuse en anatomie et physiologie du système nerveux.

Après avoir obtenu son diplôme de médecine en 1881, il rencontre Martha Bernays, qui devient son épouse en 1886 et la mère de ses trois enfants. Besoin d’argent pour fonder sa famille, Freud quitte les laboratoires de recherche pour intégrer le service psychiatrique du professeur Theodor Meynert, où il se concentre sur l’étude de la neurologie.

En 1885, il découvre les propriétés analgésiques de la cocaïne lors d’une étude sur cette substance et publie « Uber coca« , un ouvrage qui loue les mérites de la cocaïne mais qui sera plus tard critiqué par la communauté médicale viennoise.

L’année charnière : 1885

Grâce à une bourse, il a la possibilité de se rendre à Paris pour travailler avec le neurologue français Jean Charcot, dont il a souvent entendu parler. Bien qu’il soit déçu par la ville et ses habitants, il est séduit par Charcot, qu’il décrit comme l’un des plus grands médecins et un homme d’un génie rationnel.

À l’hôpital de la Salpêtrière, Freud étudie les manifestations de l’hystérie, les effets de l’hypnose et la suggestion. Il propose à Charcot de traduire certains de ses travaux en allemand : « Leçons sur les maladies du système nerveux » est publié en 1886.

De retour à Vienne après un bref séjour à Berlin, où il s’intéresse à la neuropathologie infantile, Freud ouvre son propre cabinet de consultation et accueille de nombreux patients atteints de troubles nerveux, qu’il traite par électrothérapie et hypnose.

Cependant, il recherche de nouvelles méthodes thérapeutiques et se rend à Nancy en 1889 pour étudier les méthodes du professeur Hippolyte Bernheim, qui nie l’existence réelle de l’hypnose et affirme que les phénomènes observés sont uniquement dus à la suggestion.

La naissance de la psychanalyse

Pendant dix ans, Freud se consacre entièrement au traitement des patients et développe jour après jour la psychanalyse. Le cas d’Anna O., décrit par Joseph Breuer dans « Etudes sur l’hystérie« , est généralement considéré comme le premier pas vers la théorie freudienne. Freud découvre l’origine des manifestations d’hystérie : pour lui, « l’accès hystérique est un souvenir, la revivification hallucinatoire d’une scène ayant joué un rôle important dans la maladie ».

Entre 1887 et 1902, il travaille à élucider les mécanismes de répression et la formation des symptômes, découvre le complexe d’Œdipe (1897) et rédige « L’Interprétation des rêves » (1900), qui fait pour la première fois du rêve un objet d’étude scientifique.

En 1905, il publie « Trois essais sur la théorie de la sexualité« , un autre ouvrage fondamental avec « Le Mot d’esprit dans ses rapports avec l’Inconscient« . La psychanalyse est désormais considérée comme la théorie du fonctionnement de l’appareil psychique.

Entre 1910 et 1930, Freud publie plusieurs ouvrages. Parmi eux, « Totem et tabou » (1913) lui permet d’introduire la notion de « narcissisme » à travers l’histoire des origines de l’humanité. En 1920, dans « Au-delà du principe de plaisir« , Freud décrit ce qu’il appelle les pulsions de vie et de mort et propose un modèle de l’appareil psychique incluant le Moi, le Ça et le Surmoi.

Enfin, en appliquant les théories psychanalytiques aux civilisations, il critique, d’abord dans « L’avenir d’une illusion » (1927) puis dans « Malaise d’une civilisation » (1929), le fardeau que la religion et la morale civilisée imposent à l’enfant.

Fin de vie et héritage

En 1930, Freud reçoit le prix Goethe, ce qui lui vaut la reconnaissance de l’Allemagne. Cependant, avec l’arrivée d’Hitler, il est contraint à l’exil en 1938 et s’installe en Angleterre, où il continue à traiter quelques patients.

Après avoir été opéré pour un cancer de la mâchoire en 1923, Freud souffre tellement de l’évolution de la maladie qu’il demande à son médecin de mettre fin à ses souffrances le 21 septembre 1939. Il est placé dans un coma par une dose de morphine et meurt deux jours plus tard.