« Il y a deux types de pirates : ceux qui attaquent les navires et ceux qui vident nos mers du poisson et déversent des déchets toxiques ». Les propos d’Ali, membre du conseil d’Hobbyo, la « capitale de la piraterie » somalienne, en conclusion du documentaire de Paul Moreira, donne la clé du titre : Toxic Somalia : l’autre piraterie. En 2005, quelques jours après le tsunami qui a ravagé les côtes thaïlandaises, les Somaliens, à l’autre extrémité de l’océan Indien, voient arriver d’étranges fûts sur leurs plages. Une organisation non gouvernementale locale donne l’alerte et signale des décès suspects et l’apparition de maladies inhabituelles parmi la population côtière dans les jours suivants. Ces fûts toxiques, -la suite des enquêtes le prouveront-, proviennent de stocks, largués au large de la Somalie, par des navires oeuvrant pour des pays occidentaux, majoritairement européens. Pour son documentaire Toxic Somalia : l’autre piraterie, le journaliste Paul Moreira se rend donc sur place en Somalie pour constater les dégâts. Face au journaliste, les membres du conseil du village reprennent l’argumentaire utilisé par les pirates depuis plus d’une décennie : ce n’est pas eux, les agresseurs, les bandits des mers, mais ce sont les étrangers, qui les ont privé de leurs ressources maritimes. Profitant de la déliquescence de l’Etat somalien, les navires européens ont pêché en toute illégalité dans les eaux territoriales et déversé leurs poisons, les déchets toxiques industriels. Aujourd’hui, il n’y a plus que 5% de pêcheurs dans la région contre 20% auparavant. Un documentaire de Paul Moreira.